Dualité ou complémentarité

Si on regarde la vie d’un point de vue purement objectif, celle-ci semble composée de tellement de dualités : La vie et la mort, la richesse et la pauvreté, le bien et le mal, la santé et la maladie, la chance ou la malchance…et la liste pourrait s’allonger encore et encore.

On regarde la vie comme si tout était classifié, compartimenté en 2 pôles bien distincts, l’un étant un idéal à atteindre, l’autre un ennemi à repousser. Ces dualités ne sont toutefois pas exceptionnelles, elles font partie intégrante du parcours de chacun d’entre nous, mais n’est-ce pas justement ce qui donne tout son sens à notre existence ?

Voir la vie seulement comme une lutte à mener, amène avec cette perception, son lot de frustrations, de sentiment d’injustice et de résistance. Et si ce qui paraissait négatif au premier abord, était davantage une opportunité d’enseignements et de leçons de vie ? Étrangement, la perfection de la vie est intimement reliée à ses imperfections….oui, une vie parfaitement imparfaite.

N’arrive-t-il pas bien souvent qu’une perte d’emploi ne soit pas uniquement une épreuve à vivre, mais une formidable opportunité de réorienter son parcours professionnel pour un plus grand épanouissement personnel ?…

.Que l’annonce de la fin de vie d’un proche, soit une occasion de ralentir notre rythme effréné pour s’attarder à l’essentiel ?….

.Que le désir de vivre et de prendre soin de soi soit plus grand après avoir connu un ennui de santé nous ayant obligé à ralentir ?….

.Qu’un événement dramatique soit l’opportunité de modifier des lois ou d’en créer de nouvelles pour notre plus grande sécurité?….

.Qu’une tragédie dans l’actualité nous donne irrésistiblement le désir urgent d’appeler nos proches pour leur signifier toute notre affection ?….

.Qu’un cataclysme naturel nous invite naturellement à offrir notre aide à des gens qui en ont subi les préjudices ?…

Ces événements à la base tristes ou bouleversants portent en eux leur propre lumière, puisqu’ils font jaillir en l’être humain ce qu’il a de meilleur, sa compassion et son empathie et un besoin viscéral de connexion avec ses semblables.

Se laisser entraîner par le tourbillon de la vie et par la routine du quotidien aveugle l’homme et se laisser entrainer dans son sillon est très facile, car on ne s’en rend pas vraiment compte, trop occupé à courir.

Ces événements qui se produisent, quels qu’ils soient, ont donc aussi un rôle à jouer sur notre chemin d’évolution…ils ne sont pas inutiles et servent en fait à nous secouer, à nous réveiller. Mais pour qu’ils aient cet impact sur nous, il importe de demeurer conscient de cette réalité, de comprendre que rien de ce qui nous arrive n’est une punition ou une calamité, mais plutôt une occasion de s’arrêter pour réfléchir et se repositionner dans ce grand jeu de la vie.

Nous apprécions encore plus la nuit, quand on se rend compte qu’elle est nécessaire à notre rythme pour se reposer et refaire nos forces et qu’elle nous permet de voir apparaitre les étoiles….

Nous sommes davantage reconnaissants de se blottir près d’un feu après avoir affronté les rigueurs de l’hiver…
Nous réalisons toute la chance que l’on a de vivre au Québec quand on voit toutes les atrocités qui se passent un peu partout…
Alors dualités ou opportunités ?…

Nous n’avons peut-être pas le pouvoir de changer ce qui nous arrive, mais nous avons toutefois la liberté de choisir comment on va les vivre.

 

Chacun son rythme

Le mois d’août est un temps de l’année pour les recommencements : le retour à l’école est à nos portes avec de nouveaux enseignants, parfois une nouvelle école, les vacances se terminent pour une bonne partie d’entre nous, le travail occupant désormais une plus grande place dans notre quotidien, on cherche une activité d’intérêt où s’inscrire le soir, les émissions de télé reprennent leur horaire régulier…

Mais peut-être aussi de nombreuses personnes ont-elles perdus un proche durant la période estivale ; décès brutal à la suite d’un accident, d’un suicide ou en  lien avec une maladie ayant détériorée l’état de santé…quoi qu’il en soit, un décès est toujours un événement bouleversant à vivre au quotidien et qui chambarde les vies de plusieurs personnes de l’entourage.

Avec l’arrivée imminente de l’automne, saison d’introspection et de ménage intérieur par excellence, cet événement amènera possiblement son lot de réflexions, de questionnement et d’émotions à vivre dans les prochains mois. Et comme il y a autant d’histoires qu’il y a d’êtres humains sur terre, chacun vivra les choses à sa manière et à son rythme.

Le chagrin des autres dérange car nous nous sentons bien souvent démunis face à  leur peine et ne savons trop comment nous comporter dans cette situation. Nous voudrions bien, comme lorsqu’un petit enfant se fait mal, pouvoir leur offrir un câlin qui effacera toute leur tristesse…mais un deuil doit se vivre un jour à la fois. Parfois dans la solitude, les pleurs, le retranchement…d’autres jours avec leurs proches, dans des souvenirs plus joyeux ou l’écoute attentive d’un bon ami supportant.

Les deuils quels qu’ils soient, font intrinsèquement partie de notre parcours terrestre et nous ne pouvons les éviter, car ils sont aussi riches d’enseignements pour notre évolution. Si vous êtes celui ou celle qui le vivez, ne tentez pas d’accélérer le processus pour rassurer votre entourage, mais permettez-vous d’exprimer librement ce que vous ressentez à des personnes de confiance, qui ne craindront pas vos larmes et qui sauront vous réconforter de leur chaleureuse présence, sans vous conseiller.

Et si vous êtes celui qui offrez ce réconfort, ne tentez pas d’éteindre cette tristesse qui cherche à s’affirmer, ne tenter pas à tout prix de consoler ou de dire des phrases toutes faites et sans signification pour l’autre… soyez simplement présent avec toute votre écoute, votre chaleur humaine, votre regard empathique, votre sourire et vos câlins…et parfois dans le silence…vous ferez bien plus de bien que vous ne le croyez.

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en août 2016

Réflexion: gagner ou perdre sa bataille…

Cet article se veut une réflexion.

De celle que je me sens interpellée à mettre en lumière…que je souhaite profondément voir se transformer…et pour laquelle j’émets le désir d’une importante prise de conscience.

Les mots, qu’on le réalise ou non, ont un impact profond sur nos perceptions, nos réactions, sur notre état d’être aussi. Lorsque utilisés de façon automatique, sans y être vraiment attentif, ces mots en apparence banals, peuvent parfois causer des blessures dont on n’a même pas idée. C’est pourquoi il importe de s’y arrêter…

Combien de fois entendons-nous ces expressions spontanées lorsqu’il est question d’une problématique de cancer : « Il a perdu sa bataille », « Elle a gagné son combat » ou encore « Se battre contre le cancer »….Ces phrases en apparence anodines lors de tels contextes, ont par contre une grande portée psychologique pour laquelle il est nécessaire de s’interroger.

J’avoue que j’ai toujours ressentie un grand malaise en les entendant, bien que je ne fusse pas personnellement concernée. Le cancer n’est ni une bataille, ni un combat et encore moins un appel à la guerre, même si celui-ci met le corps et l’esprit à rude épreuve…c’est une expérience qui arrive tout simplement. Une expérience que personne ne mérite, que personne n’a choisi non plus…le cancer ne fait pas de discrimination.

La notion de bataille crée des résistances et exprime même inconsciemment, qu’il doit nécessairement y avoir un gagnant et un perdant. Dans notre société de productivité et de compétition, se battre montre une image de pouvoir, de volonté, d’audace, de courage et de détermination qui suscite une forme d’admiration.

Cette vision erronée dans un tel contexte, offre peu de choix à la personne qui en est atteinte. Si elle choisit par exemple de refuser le processus des traitements qu’on lui propose, elle est perçue comme lâcheuse, non combative, voire même égoïste.

Certaines personnes s’en remettront…d’autres feront des récidives, d’autres aussi en mourront…mais est-ce parce que ces dernières n’ont pas aussi souhaités de tout cœur en guérir ? Ou parce qu’elles n’ont pas fait assez d’efforts pour se « battre » ? Parce qu’elles ont manqué de courage, de volonté ou de détermination ? Ne pas « gagner » est automatiquement associé au mot « échec ».

Dans notre société, ne pas résister, se laisser-aller, même accepter de vivre une telle situation en mettant de côté les résistances n’est pas bien vu. Mourir l’est encore moins. Et ce sentiment d’échec ou d’injustice peut aussi se vivre chez les proches qui restent, et nuire au processus du deuil.

Nous oublions que l’âme est venue explorer toutes sortes d’expériences à travers son parcours terrestre; la maladie en fait partie, la mort aussi. En expérimentant ces situations, elle apprend, évolue et permet à ceux et celles qui les côtoient de faire aussi des pas dans leur cheminement.

Saviez-vous qu’il est possible de mourir guéri ? J’ai personnellement connue plusieurs personnes qui sont mortes guéries. Eh oui c’est possible. Le corps physique lâche car il n’est plus nécessaire, mais l’âme elle, a retiré de précieuses leçons qui lui dictent avoir accompli sa destinée ici-bas. Elle peut donc retourner « à la maison ».

Que les gens meurent ou non à la suite d’un processus de maladie, n’est donc pas une question de courage et de volonté, mais d’étapes de transformation individuelle de l’âme. Toutes elles ont évoluées, qu’elles restent ou qu’elles quittent.

Voici donc une invitation à transformer votre vision de ce cheminement particulier, pour permettre à chaque personne qui la vit de ne pas sentir cette pression de performance que de telles expressions obligent.

Nous évoluerons ainsi comme société à devenir plus conscients et à accepter que chaque personne et chaque âme a son propre chemin d’évolution….Accompagnons cette personne là où elle doit aller, pas là où nous souhaiterions qu’elle aille…..

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière et officiante funéraire
Article écrit en février 2017

Accompagner dans la période des fêtes

La période des fêtes est habituellement un moment de réjouissances, de célébrations, de réunions de famille, de rires et de joies. Est-ce possible de traverser ce temps de l’année dans la sérénité si nous accompagnons un proche qui se prépare à mourir? De ne pas garder que de mauvais souvenirs qui feront de tous les autres Noël des moments difficiles à vivre ?

J’y crois…mais cela dépend beaucoup de notre façon de regarder la situation, de notre attitude dans les circonstances. Nous ne pouvons rien changer à ce qui arrive, mais pourquoi ne pas utiliser sa créativité pour créer des moments authentiques qui resteront gravés pendant cette étape, mais aussi après le décès. Le temps des Fêtes est surtout devenu au fil des ans, une période de stress, de consommation et les valeurs profondes ont malheureusement perdues leur signification.

Vous avez cette opportunité auprès de votre proche ou d’un malade dont vous avez soin, de remettre ces valeurs à la bonne place. Une présence aimante et réconfortante est bien plus précieuse qu’un présent offert et l’occasion vous est donnée de vous retrouver auprès du malade et de lui transmettre tout l’amour que vous éprouvez à son égard, de passer du temps de qualité à son chevet.

Si c’est encore possible, demandez-lui ce qui lui ferait plaisir; un petit sapin dans sa chambre, un chocolat chaud, écouter de la musique, un biscuit fait maison, un plat qu’il aime particulièrement, un film qu’il affectionne, regarder la neige tomber par la fenêtre…..Et pourquoi ne pas chanter ensemble des cantiques qui lui rappelleront de beaux souvenirs…Les émotions de joie et de plaisir semblent être inappropriées  dans un tel contexte, mais ces temps d’arrêts dans le cours de la maladie sont très salutaires pour chacun pour la suite des choses. Le film « Oscar et la dame Rose » nous propose à cet effet une très belle réflexion qui vous inspirera assurément à retirer du positif de chaque situation.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en déc.2015

Les deuils de la vie

Un deuil de vie, ce n’est pas seulement le départ d’un être cher après une longue maladie, c’est aussi un enfant qui quitte la maison pour poursuivre ses études ou s’installer dans une autre contrée, un déménagement où l’on doit refaire tous ses repères et créer de nouveaux liens sociaux, une séparation qui nous déstabilise un moment, la vente de la maison familiale et des souvenirs accumulés au fil d’un parcours, un changement d’emploi qui nous demande mille et un rajustements quotidiens, le corps qui se modifie avec le temps et qui nous montre ses faiblesses…et combien d’autres choses
encore !

La vie est  une suite de tous ces petits et grands deuils dont nous préférerions bien nous passer dans notre existence. Mais chacun d’entre eux nous offre l’opportunité de nous dépasser, de grandir, d’apprendre, de développer en nous ces forces de résilience, d’adaptabilité, de retenir de précieuses leçons qui nous permettront de faire un autre bout de chemin. Et j’ai remarqué au fil de mes expériences de vie que ce sont bien souvent les moments les plus exigeants, qui nous amènent le plus souvent à cheminer…pas tout de suite j’en conviens, mais dans le temps, après que nous acceptions de regarder les choses d’une autre perspective.

Je me souviens d’une époque où la maison que j’habitais a été détruite par le feu. Mon conjoint de l’époque avait perdu son emploi depuis un moment et était déprimé, mes deux fils avaient 10 et 11 ans, je travaillais seulement quelques heures semaine…cet événement où nous avons tout perdu ne venait pas améliorer notre situation et nous avons dû dépendre de la charité de notre entourage et de la communauté, pour se réinstaller quelque part et tenter de reprendre le cours du quotidien.

J’ai toujours cru que rien n’arrivait pour rien…et bien que sur le coup je ne comprenais nullement pourquoi cela se rajoutait à nos difficultés déjà bien présentes, j’ai tout de même rapidement réalisé que cet événement où le matériel était réduit en cendres, me connectait avec l’essentiel des valeurs qui donnent du sens à la vie : l’entraide, la collaboration, la générosité, l’ouverture, l’affection, l’écoute, l’amour véritable…Je dois avouer que j’ai appris dans cette situation l’une des plus belles leçons de mon parcours…soit que lorsqu’on pense n’avoir plus rien, il reste encore l’essentiel.

Je regarde aujourd’hui mon métier d’accompagnatrice auprès des personnes en fin de vie et qui me demande continuellement de lâcher-prise sur des gens avec lesquels j’ai créé des liens…..et je me dis que la vie est tellement bien orchestrée ! Ce lâcher-prise important que j’ai dû faire au moment où j’ai tout perdu, me permet aujourd’hui de les laisser poursuivre leur chemin, libre de toute attache de part et d’autre et de pouvoir ensuite continuer ma route vers d’autres gens qui ont besoin de mes services.

La vie ne pouvait pas mieux me préparer à œuvrer dans cette direction.
Acceptons que la vie est parfaite et que tout a sa raison d’être dans notre évolution.
Cette vision aide grandement à préserver l’espoir que les leçons se présenteront au moment opportun….

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en juillet 2016

La peur de la mort

Lors d’une récente entrevue, on m’a posé la question, « Pourquoi avons-nous peur de la mort ? » J’avoue que je n’ai pas trouvé de réponse précise à offrir. On entend souvent dire qu’on craint davantage la souffrance que la mort, mais à mon avis, cette question mérite une réflexion bien plus profonde encore sur laquelle je continue de méditer.

A-t-on peur de la mort parce que nous n’avons plus de repères ? La religion occupait autrefois une place très importante pour le sens du parcours terrestre et les valeurs sur lesquelles le quotidien était centré. Je suis loin d’affirmer qu’on doive revenir à ces temps qui étaient répressifs et limitatifs, mais on a peut-être jeté le bébé avec l’eau du bain….

Serait-ce parce que notre société est beaucoup trop axée sur le « Faire », la compétition, la productivité et la jeunesse éternelle ? Il est sûr que cela n’aide en rien de se savoir démuni ou dépendant par la maladie et d’avoir l’impression d’être inutile, sans identité personnelle, de ne plus être considéré comme un être humain à part entière à cause d’un corps détérioré et d’une vie qui s’achève….

Serait-ce par peur de la séparation d’avec les nôtres ? Cette question pèse lourd dans la balance. Étant des êtres de relation, il est certain qu’on ne souhaite pas cette séparation, qu’on veut l’éviter le plus longtemps possible et qu’on s’accroche même parfois farouchement à ceux et celles qui nous entourent.

Mais serait-ce aussi une question de vision et de croyance ? C’est à mon avis fort possible. Je regarde mon cheminement depuis que j’accompagne des gens en fin de vie et je peux sincèrement dire que ma vision de cette étape s’est beaucoup transformée au fil des années et des nombreux accompagnements effectués.

Je crois que tout en cette vie a un sens… même la mort. Et je ne crois plus au fait que nous vivrons une séparation d’avec les nôtres, puisque cette vie se continu dans une autre dimension, sous une autre forme.  C’est ma croyance personnelle et je ne dis pas que vous deviez la partager…mais je vous invite de votre côté à vous poser sérieusement la question, à y réfléchir et à vous faire votre propre idée. Que croyez-vous ?

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en oct. 2016

 

Prise de position

La loi sur l’aide médicale à mourir suscite beaucoup de questionnements et je n’en suis pas à l’abri, puisque j’œuvre dans ce champ d’activité. Il est donc nécessaire aussi que je me positionne, que j’en fasse une réflexion.

J’ai d’ailleurs été confrontée récemment à cette délicate question. Une dame m’a demandé si j’accompagnerais quelqu’un qui souhaite par exemple, se laisser mourir en arrêtant de manger…..

La prise de position sur les soins palliatifs est de préserver la vie jusqu’au bout, d’utiliser tous les moyens disponibles pour amoindrir les symptômes et de tenter de préserver une certaine qualité de vie pour le temps qui reste, tout en étant présent et réconfortant pour les proches.  Je partage cette vision.

Mais est-ce que ça veut dire pour autant qu’une personne n’ayant pas choisi cette option devrait mourir seule, sans support, sans aide et sans personne pour lui tenir la main au moment du départ ? Je ne le crois pas.

Malgré ma position sur cette étape sacrée de notre parcours et le fait que je respecte profondément la vie et l’être humain, je ne pourrais, en mon âme et conscience, abandonner une personne à elle-même à un moment aussi important de son existence.

Et parce que justement j’aime l’humain, je serais là aussi, pour lui tenir la main, l’écouter, la réconforter dans le respect de son choix, tout comme je le ferais pour une personne qui se meurt d’un cancer ou d’une maladie dégénérative, même si le choix par lui-même n’entre pas dans ma vision des choses. Accompagner c’est suivre l’autre où il est rendu, pas indiquer le chemin…

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en mai 2016

Le mourant et le coma

Le processus de la mort comprend toute une série d’étapes que l’on peut observer au fil du quotidien, mais pour la plupart des gens, elles sont inconnues et donc effraient. Voilà bien toute l’importance de les démystifier.

Lorsque que la maladie a passablement gagnée du terrain et que la mort se rapproche, on peut souvent observer que le malade entre dans une période de coma, qui peut durer plusieurs jours, parfois même plus longtemps. Ce moment où la communication, telle qu’on la connait, n’est plus possible est souvent très déstabilisant, et lorsqu’elle s’étire, les proches, épuisés et émotifs, ressentent de l’impatience et de l’incompréhension.

Il est important de savoir que tout ce qui se vit est significatif …même le coma. Le temps est désormais compté en jours et c’est une étape transitoire où le malade effectue des allers-retours entre ici et l’au-delà, avant le grand départ. Le temps que cela prend est très personnel à chacun et nul n’en connait vraiment la raison. Mais c’est l’âme qui déterminera le moment où elle est prête à quitter les siens.

De nombreuses expériences dans cette situation ont démontrées qu’un malade dans le coma entend tout ce qui se passe, même s’il ne peut communiquer. Raison de plus pour y être attentif, pour utiliser le temps qui reste encore à signifier à cette personne combien nous l’aimons, ce que sa présence nous a apportée, peut-être aussi une belle opportunité de simplement être une présence significative à ses côtés ou encore de demander pardon…qui sait ce que ces moments d’intimité apporteront à toutes les personnes concernées.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en nov.2015

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Comment se trouver auprès d’un proche mourant

Voilà bien une réalité qui nous dépasse…celle où l’un de nos proches doit quitter cette vie. Comment ne pas se sentir impuissant à leur chevet, maladroit même dans les gestes ou les paroles, démuni devant ce qui semble être irréel…..Qui n’a pas ressenti un jour ces émotions auprès d’un proche mourant ?

Peu d’entre nous sommes vraiment préparé à vivre un tel moment avec un être cher et les questions sont parfois nombreuses après le décès à savoir si l’on a fait tout ce qu’il fallait pour bien les accompagner. Il importe donc de savoir avant toute chose, que l’amour ou l’affection que vous éprouvez pour cette personne est l’outil le plus efficace.

Quand on aime, on agit avec toutes les bonnes intentions du monde et en ce sens, on ne peut faire d’erreurs…des maladresses peut-être, mais bien involontairement. Il est nécessaire d’être bon envers soi-même, car cela n’aide en rien le malade de s’abaisser ou de se juger. Soyez simplement disponibles pour cette personne et attentifs à ses besoins qui varient énormément au fil de son quotidien à travers les étapes de la maladie terminale.

Demandez-lui ce qu’elle désire et soyez respectueux de ses choix. N’oubliez pas que cette personne demeure vivante jusqu’au dernier souffle et qu’en ce sens, il est encore possible d’avoir de bons moments ensemble, ne serait-ce que dans le silence et une présence réconfortante.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en oct. 2015

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Entrevue avec Hélène Giroux, Million-Être

Cette semaine je vous présente Hélène Giroux, qui après avoir été abonnée au blogue depuis un bon moment, s’est reconnue comme une Million-être et j’en suis honoré. J’ai été touché par son partage, sa mission de vie comme accompagnatrice en fin de vie.

Il me fait plaisir de vous inviter à entrer dans son univers, et peut-être aussi le vôtre puisque la mort fait aussi partie de la vie et que de vivre le sens de sa vie permet de donner aussi un sens à la mort.

Hélène Giroux 

 


À ce jour, quelle est la contribution qui vous a procuré la plus grande satisfaction et qui, selon vous, contribue à créer un monde meilleur?

J’accompagne des gens en fin de vie qui souhaitent terminer leurs jours à la maison et cette vocation donne tout un sens à mon existence. Le patient a besoin de soins, d’écoute et de chaleur humaine, mais la famille éprouvée nécessite également d’être secondée, épaulée et réconfortée dans ces moments difficiles de la perte prochaine d’un être cher. Ce rôle d’accompagnatrice est donc fort apprécié des familles que je côtoie, car leur implication émotive empêche bien souvent d’avoir un regard objectif sur la situation. Par contre, guidée à travers cette expérience, la famille peut apprendre à apprivoiser chacune des étapes conduisant vers la mort. Je sais que j’ai accompli ma mission lorsque après le décès, les proches me témoignent que je leur ai permis de transformer cette période insécurisante en expérience positive malgré la tristesse. Cela va même parfois jusqu’à modifier leur vision de la mort. De se sentir ainsi accompagnés leur permet également de traverser les étapes du deuil plus sereinement. Comme être humain, ressentir cette connection profonde à un moment aussi sacré de l’existence me comble de gratitude.

Quel événement, quelle personne ou prise de conscience vous a incité à vous engager de cette façon et qu’est-ce que ça vous a apporté?

Alors que je ne travaillais pas dans cette sphère d’activité, une tante proche a reçu un diagnostic de tumeur cérébrale et j’ai tout de suite eu le désir de l’accompagner. Cette décision venait du cœur, mais je n’avais aucune idée à ce moment à quel point je me sentirais interpellée par ce métier hors de l’ordinaire. J’ai donc réorienté ma carrière et suis allé suivre une formation de préposée pour être en mesure de pouvoir donner des soins. Après l’obtention de mon diplôme, déçue par les milieux de santé traditionnels, j’ai rapidement choisi d’œuvrer spécifiquement auprès des mourants; métier davantage en harmonie avec les valeurs qui me sont chères et qui s’attardent à l’humain plutôt que simplement à la maladie. Côtoyer les mourants me permet de demeurer dans l’instant présent, de mettre en valeur ce qui m’importe dans la vie, d’avoir des rapports plus authentiques avec les gens . C’est donc un métier extraordinaire qui me rend très heureuse !

Que souhaitez-vous que l’on dise de vous après votre passage terrestre?

Que j’ai déposé des semences d’amour partout sur mon passage et que j’ai fait une différence dans la vie des gens qui ont eu le bonheur de croiser ma route.

Avez-vous créé des œuvres littéraires, musicales, artistiques ou autres que vous aimeriez faire découvrir à nos lecteurs? (énumérez les principales seulement)

Pour aider les gens à démystifier et à apprivoiser ce sujet difficile, j’ai écris et fait publier un livre intitulé, « Le privilège d’accompagner…choisir de côtoyer la mort », aux Éditions La Plume d’Oie. Ce projet est un grand rêve que je caressais depuis longtemps et que j’ai réalisé après 2 ans de travail d’écriture. Je constate en pratiquant ce métier que beaucoup de gens se sentent interpellés par le sujet et qu’ils ont toujours de nombreuses questions à me poser. Il faut dire que même en 2012, la mort reste encore un sujet tabou que peu de gens osent aborder ouvertement et que lorsqu’il en est question, c’est plutôt dans des termes sombres. Parce que j’ai le privilège de côtoyer les mourants dans mon quotidien, je suis à même de pouvoir échanger sur la question en faisant davantage ressortir les aspects positifs….car oui, il y en a ! Ce livre offre la possibilité aux gens d’ouvrir une porte dans une direction inexplorée pour pouvoir ensuite percevoir les choses avec un regard neuf. Bien que cet ouvrage parle de la mort, c’est bien plus d’un hymne à la vie dont il est question.

Y-a-t-il un message particulier que vous aimeriez transmettre de plus?

J’ai conscience que pour beaucoup de gens, la mort est un sujet difficile à aborder…mais j’aimerais leur dire que la mort peut s’apprivoiser. Au même titre que la naissance, elle fait partie des étapes que nous aurons à franchir sur notre parcours, qui que nous soyons. J’ai moi-même appris qu’apprivoiser la mort, c’est aussi apprendre à vivre…aussi étrangement que cela puisse paraître.
Merci Hélène de contribuer à un monde meilleur – Daniel Giguère coach (sept.2012)

Quelles sont les coordonnées pour vous rejoindre?

Nom : Hélène Giroux
Courriel :  hegir@hotmail.com
www.facebook.com/accompagnementetsoins