Chacun son rythme

Le mois d’août est un temps de l’année pour les recommencements : le retour à l’école est à nos portes avec de nouveaux enseignants, parfois une nouvelle école, les vacances se terminent pour une bonne partie d’entre nous, le travail occupant désormais une plus grande place dans notre quotidien, on cherche une activité d’intérêt où s’inscrire le soir, les émissions de télé reprennent leur horaire régulier…

Mais peut-être aussi de nombreuses personnes ont-elles perdus un proche durant la période estivale ; décès brutal à la suite d’un accident, d’un suicide ou en  lien avec une maladie ayant détériorée l’état de santé…quoi qu’il en soit, un décès est toujours un événement bouleversant à vivre au quotidien et qui chambarde les vies de plusieurs personnes de l’entourage.

Avec l’arrivée imminente de l’automne, saison d’introspection et de ménage intérieur par excellence, cet événement amènera possiblement son lot de réflexions, de questionnement et d’émotions à vivre dans les prochains mois. Et comme il y a autant d’histoires qu’il y a d’êtres humains sur terre, chacun vivra les choses à sa manière et à son rythme.

Le chagrin des autres dérange car nous nous sentons bien souvent démunis face à  leur peine et ne savons trop comment nous comporter dans cette situation. Nous voudrions bien, comme lorsqu’un petit enfant se fait mal, pouvoir leur offrir un câlin qui effacera toute leur tristesse…mais un deuil doit se vivre un jour à la fois. Parfois dans la solitude, les pleurs, le retranchement…d’autres jours avec leurs proches, dans des souvenirs plus joyeux ou l’écoute attentive d’un bon ami supportant.

Les deuils quels qu’ils soient, font intrinsèquement partie de notre parcours terrestre et nous ne pouvons les éviter, car ils sont aussi riches d’enseignements pour notre évolution. Si vous êtes celui ou celle qui le vivez, ne tentez pas d’accélérer le processus pour rassurer votre entourage, mais permettez-vous d’exprimer librement ce que vous ressentez à des personnes de confiance, qui ne craindront pas vos larmes et qui sauront vous réconforter de leur chaleureuse présence, sans vous conseiller.

Et si vous êtes celui qui offrez ce réconfort, ne tentez pas d’éteindre cette tristesse qui cherche à s’affirmer, ne tenter pas à tout prix de consoler ou de dire des phrases toutes faites et sans signification pour l’autre… soyez simplement présent avec toute votre écoute, votre chaleur humaine, votre regard empathique, votre sourire et vos câlins…et parfois dans le silence…vous ferez bien plus de bien que vous ne le croyez.

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en août 2016

Les deuils de la vie

Un deuil de vie, ce n’est pas seulement le départ d’un être cher après une longue maladie, c’est aussi un enfant qui quitte la maison pour poursuivre ses études ou s’installer dans une autre contrée, un déménagement où l’on doit refaire tous ses repères et créer de nouveaux liens sociaux, une séparation qui nous déstabilise un moment, la vente de la maison familiale et des souvenirs accumulés au fil d’un parcours, un changement d’emploi qui nous demande mille et un rajustements quotidiens, le corps qui se modifie avec le temps et qui nous montre ses faiblesses…et combien d’autres choses
encore !

La vie est  une suite de tous ces petits et grands deuils dont nous préférerions bien nous passer dans notre existence. Mais chacun d’entre eux nous offre l’opportunité de nous dépasser, de grandir, d’apprendre, de développer en nous ces forces de résilience, d’adaptabilité, de retenir de précieuses leçons qui nous permettront de faire un autre bout de chemin. Et j’ai remarqué au fil de mes expériences de vie que ce sont bien souvent les moments les plus exigeants, qui nous amènent le plus souvent à cheminer…pas tout de suite j’en conviens, mais dans le temps, après que nous acceptions de regarder les choses d’une autre perspective.

Je me souviens d’une époque où la maison que j’habitais a été détruite par le feu. Mon conjoint de l’époque avait perdu son emploi depuis un moment et était déprimé, mes deux fils avaient 10 et 11 ans, je travaillais seulement quelques heures semaine…cet événement où nous avons tout perdu ne venait pas améliorer notre situation et nous avons dû dépendre de la charité de notre entourage et de la communauté, pour se réinstaller quelque part et tenter de reprendre le cours du quotidien.

J’ai toujours cru que rien n’arrivait pour rien…et bien que sur le coup je ne comprenais nullement pourquoi cela se rajoutait à nos difficultés déjà bien présentes, j’ai tout de même rapidement réalisé que cet événement où le matériel était réduit en cendres, me connectait avec l’essentiel des valeurs qui donnent du sens à la vie : l’entraide, la collaboration, la générosité, l’ouverture, l’affection, l’écoute, l’amour véritable…Je dois avouer que j’ai appris dans cette situation l’une des plus belles leçons de mon parcours…soit que lorsqu’on pense n’avoir plus rien, il reste encore l’essentiel.

Je regarde aujourd’hui mon métier d’accompagnatrice auprès des personnes en fin de vie et qui me demande continuellement de lâcher-prise sur des gens avec lesquels j’ai créé des liens…..et je me dis que la vie est tellement bien orchestrée ! Ce lâcher-prise important que j’ai dû faire au moment où j’ai tout perdu, me permet aujourd’hui de les laisser poursuivre leur chemin, libre de toute attache de part et d’autre et de pouvoir ensuite continuer ma route vers d’autres gens qui ont besoin de mes services.

La vie ne pouvait pas mieux me préparer à œuvrer dans cette direction.
Acceptons que la vie est parfaite et que tout a sa raison d’être dans notre évolution.
Cette vision aide grandement à préserver l’espoir que les leçons se présenteront au moment opportun….

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en juillet 2016

Accompagner les personnes en fin de vie

Accompagner les personnes en fin de vie suscite curiosité mais aussi peurs et questionnements chez de nombreuses personnes. C’est tout à fait normal puisque nous avons affaire à de l’inconnu et ce qu’on ne connait pas fait effraie.

J’en conviens, le choix d’œuvrer dans cette sphère d’activité est une vocation où tous ne se sentent pas appelés. Mais individuellement, à travers notre parcours à chacun et sans l’avoir choisi, nous aurons à nous trouver auprès de personnes de notre entourage dont le temps sera compté et également un jour à vivre cette expérience pour soi-même.

Voilà pourquoi il est important d’aborder le sujet, de tenter de l’apprivoiser pour le démystifier, de changer notre regard sur ce moment important que nous vivrons tous à un moment ou un autre. Et cela est possible, car il faut savoir que même dans la mort, la vie est présente jusqu’au bout.

Étrangement, au chevet des mourants, l’opportunité nous est offerte de recevoir de précieuses leçons sur le sens même de cette vie que nous prenons bien souvent pour acquise, mais également d’avoir accès à des moments de grande authenticité, car les mourants se trouvent davantage dans l’essentiel à cette période de leur existence. Accompagner un mourant c’est aussi apprivoiser la mort pour soi-même. Un voyage qui nous amène bien souvent à nous dépasser.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en sept. 2015