Honorez la mort comme la vie

La mort est encore pour plusieurs, un sujet tabou. On la voit bien souvent comme la fin de tout. Ceci étant dit, nous avons tout intérêt à prendre conscience que la mort est une étape sacrée de notre parcours de vie, car cette expérience est toute aussi importante que celle de la naissance et que toutes les autres étapes qui se situent entre les deux. Honorer la mort nous aide à l’apprivoiser et à donner un sens encore plus grand à notre existence.

La mort unit toutes les formes de vie, car tout ce qui vit, mourra un jour. Elle représente le point culminant de tout l’accomplissement d’un être au cours de son existence et peu importe l’âge à laquelle on y fait face, la mort est une étape importante, tant pour la personne qui quitte  le plan terrestre que pour ceux qui y demeurent. Il n’y a pas d’erreur ou de fin prématurée en regard du grand plan de la vie.

Il peut être réconfortant de croire que nous soyons destinés par notre passage sur terre à accomplir quelque chose et faire une différence. Il est vrai qu’au moment de la mort notre existence se poursuit; une parcelle de nous demeure vivante par les moments que nous avons partagés avec autrui, l’amour que nous avons semé. Chaque être humain a le potentiel de transmettre un savoir et de faire sa part dans le grand projet collectif qu’est l’humanité. Quand la mort se manifeste, le travail se poursuit par la contribution apportée.

La mort peut être vue comme une injustice et peut même parfois paraître cruelle, elle est pourtant une étape naturelle et inévitable sur notre chemin de vie.

Saluer ce qui a été, permet au moment de la mort d’une personne qui nous est chère, de garder le meilleur de son parcours. Nous pouvons ainsi être reconnaissants de l’avoir connu lors de son passage dans notre vie et poursuivre notre route avec plus de sérénité, chacun continuant son chemin dans des directions différentes. L’amour que nous avons pour la personne continu d’exister. Son âme, et les souvenirs qui sont liés à elle demeurent. En mettant  l’emphase sur cet héritage, on développe la conscience que cela restera toujours en nous, au-delà du temps.

La mort fait partie de la vie. Et, honorer la mort c’est célébrer la vie. Célébrer la vie, c’est accueillir la mort comme l’occasion d’un chemin qui se poursuit.

Principe élaboré dans le livre de Lise Marie Boudreau – « Congédiez vos gourous », publié en septembre 2017, Éditions Le Dauphin Blanc

 

 

Accompagner les personnes en fin de vie

Accompagner les personnes en fin de vie suscite curiosité mais aussi peurs et questionnements chez de nombreuses personnes. C’est tout à fait normal puisque nous avons affaire à de l’inconnu et ce qu’on ne connait pas fait effraie.

J’en conviens, le choix d’œuvrer dans cette sphère d’activité est une vocation où tous ne se sentent pas appelés. Mais individuellement, à travers notre parcours à chacun et sans l’avoir choisi, nous aurons à nous trouver auprès de personnes de notre entourage dont le temps sera compté et également un jour à vivre cette expérience pour soi-même.

Voilà pourquoi il est important d’aborder le sujet, de tenter de l’apprivoiser pour le démystifier, de changer notre regard sur ce moment important que nous vivrons tous à un moment ou un autre. Et cela est possible, car il faut savoir que même dans la mort, la vie est présente jusqu’au bout.

Étrangement, au chevet des mourants, l’opportunité nous est offerte de recevoir de précieuses leçons sur le sens même de cette vie que nous prenons bien souvent pour acquise, mais également d’avoir accès à des moments de grande authenticité, car les mourants se trouvent davantage dans l’essentiel à cette période de leur existence. Accompagner un mourant c’est aussi apprivoiser la mort pour soi-même. Un voyage qui nous amène bien souvent à nous dépasser.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en sept. 2015

Entrevue avec Hélène Giroux, Million-Être

Cette semaine je vous présente Hélène Giroux, qui après avoir été abonnée au blogue depuis un bon moment, s’est reconnue comme une Million-être et j’en suis honoré. J’ai été touché par son partage, sa mission de vie comme accompagnatrice en fin de vie.

Il me fait plaisir de vous inviter à entrer dans son univers, et peut-être aussi le vôtre puisque la mort fait aussi partie de la vie et que de vivre le sens de sa vie permet de donner aussi un sens à la mort.

Hélène Giroux 

 


À ce jour, quelle est la contribution qui vous a procuré la plus grande satisfaction et qui, selon vous, contribue à créer un monde meilleur?

J’accompagne des gens en fin de vie qui souhaitent terminer leurs jours à la maison et cette vocation donne tout un sens à mon existence. Le patient a besoin de soins, d’écoute et de chaleur humaine, mais la famille éprouvée nécessite également d’être secondée, épaulée et réconfortée dans ces moments difficiles de la perte prochaine d’un être cher. Ce rôle d’accompagnatrice est donc fort apprécié des familles que je côtoie, car leur implication émotive empêche bien souvent d’avoir un regard objectif sur la situation. Par contre, guidée à travers cette expérience, la famille peut apprendre à apprivoiser chacune des étapes conduisant vers la mort. Je sais que j’ai accompli ma mission lorsque après le décès, les proches me témoignent que je leur ai permis de transformer cette période insécurisante en expérience positive malgré la tristesse. Cela va même parfois jusqu’à modifier leur vision de la mort. De se sentir ainsi accompagnés leur permet également de traverser les étapes du deuil plus sereinement. Comme être humain, ressentir cette connection profonde à un moment aussi sacré de l’existence me comble de gratitude.

Quel événement, quelle personne ou prise de conscience vous a incité à vous engager de cette façon et qu’est-ce que ça vous a apporté?

Alors que je ne travaillais pas dans cette sphère d’activité, une tante proche a reçu un diagnostic de tumeur cérébrale et j’ai tout de suite eu le désir de l’accompagner. Cette décision venait du cœur, mais je n’avais aucune idée à ce moment à quel point je me sentirais interpellée par ce métier hors de l’ordinaire. J’ai donc réorienté ma carrière et suis allé suivre une formation de préposée pour être en mesure de pouvoir donner des soins. Après l’obtention de mon diplôme, déçue par les milieux de santé traditionnels, j’ai rapidement choisi d’œuvrer spécifiquement auprès des mourants; métier davantage en harmonie avec les valeurs qui me sont chères et qui s’attardent à l’humain plutôt que simplement à la maladie. Côtoyer les mourants me permet de demeurer dans l’instant présent, de mettre en valeur ce qui m’importe dans la vie, d’avoir des rapports plus authentiques avec les gens . C’est donc un métier extraordinaire qui me rend très heureuse !

Que souhaitez-vous que l’on dise de vous après votre passage terrestre?

Que j’ai déposé des semences d’amour partout sur mon passage et que j’ai fait une différence dans la vie des gens qui ont eu le bonheur de croiser ma route.

Avez-vous créé des œuvres littéraires, musicales, artistiques ou autres que vous aimeriez faire découvrir à nos lecteurs? (énumérez les principales seulement)

Pour aider les gens à démystifier et à apprivoiser ce sujet difficile, j’ai écris et fait publier un livre intitulé, « Le privilège d’accompagner…choisir de côtoyer la mort », aux Éditions La Plume d’Oie. Ce projet est un grand rêve que je caressais depuis longtemps et que j’ai réalisé après 2 ans de travail d’écriture. Je constate en pratiquant ce métier que beaucoup de gens se sentent interpellés par le sujet et qu’ils ont toujours de nombreuses questions à me poser. Il faut dire que même en 2012, la mort reste encore un sujet tabou que peu de gens osent aborder ouvertement et que lorsqu’il en est question, c’est plutôt dans des termes sombres. Parce que j’ai le privilège de côtoyer les mourants dans mon quotidien, je suis à même de pouvoir échanger sur la question en faisant davantage ressortir les aspects positifs….car oui, il y en a ! Ce livre offre la possibilité aux gens d’ouvrir une porte dans une direction inexplorée pour pouvoir ensuite percevoir les choses avec un regard neuf. Bien que cet ouvrage parle de la mort, c’est bien plus d’un hymne à la vie dont il est question.

Y-a-t-il un message particulier que vous aimeriez transmettre de plus?

J’ai conscience que pour beaucoup de gens, la mort est un sujet difficile à aborder…mais j’aimerais leur dire que la mort peut s’apprivoiser. Au même titre que la naissance, elle fait partie des étapes que nous aurons à franchir sur notre parcours, qui que nous soyons. J’ai moi-même appris qu’apprivoiser la mort, c’est aussi apprendre à vivre…aussi étrangement que cela puisse paraître.
Merci Hélène de contribuer à un monde meilleur – Daniel Giguère coach (sept.2012)

Quelles sont les coordonnées pour vous rejoindre?

Nom : Hélène Giroux
Courriel :  hegir@hotmail.com
www.facebook.com/accompagnementetsoins

Profession: accompagner les mourants

Quel étrange métier me diront certains !

On croit à tort que côtoyer la mort doit être fort déprimant et qu’une personne la moindrement intelligente ne choisirait pas un tel travail dans le quotidien. En fait il ne s’agit pas d’un travail mais d’une vocation, car il est question ici de l’humain. Et je ne crois pas non plus qu’on choisisse ce métier…cela vient d’un appel intérieur et demande tout de même un certain vécu pour s’y sentir à l’aise.

Beaucoup de gens, à moins d’être confronté à une telle situation…et encore….ignore même qu’il existe des gens, tout comme je le fais, qui font ce métier et qu’il est possible d’être accompagné dans de telles circonstances. Il faut savoir qu’il existe plusieurs possibilités aujourd’hui pour terminer ses jours. Certaines personnes se retrouvent dans un hôpital, d’autres dans des maisons spécialisées comme il en existe plusieurs au Québec ou encore ont le désir de mourir à la maison, entouré de leurs proches, dans un environnement qui leur est familier. C’est principalement là que j’œuvre dans le cours de mon travail.

Accompagner, c’est avant tout assurer une présence chaleureuse et sécurisante auprès du malade et de ses proches. Cela nécessite d’entrer dans leur intimité, dans un espace sacré et très personnel. Mais tous ont tellement besoin à ce moment qu’il est rare que le contact ne soit pas positif. La chaleur humaine, le respect de la dignité et des valeurs de chacun sont des qualités primordiales dans ce métier. Le patient se trouve alors dans ce que l’on appelle les soins palliatifs. Il n’est pas abandonné par le système médical, mais on ne parle plus ici de guérir, mais plutôt de rendre confortable. Le patient reçoit donc tout ce qui peut répondre à ce besoin, que ce soit en équipement, en soins, en médicaments. Et comme accompagnatrice, je peux répondre à tout cela dans son quotidien, les priorités étant de lui offrir de l’aide physique, psychologique et spirituelle. Son pronostic est d’habituellement moins de 2 mois.

Je sais donc pertinemment à quoi m’attendre et ce que sont les objectifs de mon travail. Nul surprise alors au moment du décès. Je connais bien les signes qui m’indiquent que la fin se rapprochent et ils me servent de guides pour évaluer la situation, répondre aux besoins du patient et préparer la famille à ce qui s’en vient. Le but principal des soins palliatifs est de donner une certaine qualité de vie au temps qui reste et bien que ce soit difficile à imaginer, il y a encore dans cette étape de vie des moments d’humanité extraordinaires ! Lorsque le patient décède, j’ai davantage la satisfaction d’avoir pu faire une différence dans ce bout de chemin difficile d’accès pour la plupart d’entre nous.

Malgré la tristesse de perdre un proche, la plupart des gens pour lesquels j’ai ainsi accompagné un proche, ont à l’unanimité exprimé à quel point cette expérience avait été formatrice. Tous en sortent positivement bouleversés, voyant la mort autrement, l’ayant quelque peu apprivoisée. Cela change considérablement leur vision des choses et est souvent transformatrice pour leur propre parcours. Bien des préjugés tombent, des peurs s’atténuent considérablement.

Quant à moi je suis toujours émerveillée de constater à quel  point l’humain est d’une richesse intérieure incroyable, car au delà de leur corps détérioré, c’est davantage à l’âme que je touche…et de cela je me sens extrêmement privilégiée.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure et conférencière
Écrit pour le blog de Thibault, mars 2013

www.facebook.com/accompagnementetsoins
hegir@hotmail.com

« Le privilège d’accompagner….choisir de côtoyer la mort », aux Éditions La Plume D’Oie
Mai 2012 (disponible par l’auteure)