Préparer le grand voyage

Il nous parait normal de préparer nos valises quand on part en voyage, de les mettre sur le lit des semaines ou des jours avant et d’y ajouter peu à peu ce qui nous semble nécessaire à rendre cette aventure la plus agréable possible…

Mais avez-vous déjà pensé à préparer celle du dernier voyage…oui, celui qui nous amènera à quitter la terre pour cette grande traversée vers l’au-delà ?….Ça peut paraître complètement fou, mais si vous saviez à quel point ça allège notre parcours de faire cet exercice ! Vous allez me dire, mais on aura bien le temps…comment le savez-vous ? On peut partir subitement d’une crise cardiaque, d’un AVC, d’un accident sur la route……je ne le souhaite à personne, mais pourquoi attendre de ne peut-être plus avoir le temps ou la capacité de le faire ?

Oui, je l’ai fait. Deux fois plutôt qu’une…..

La première fois, j’avoue que je n’étais pas très enchantée de m’y mettre…honnêtement ça m’a pris un an avant de me décider. C’est tellement bizarre cette idée de croire que si on fait ce genre de démarche, comme préparer son testament par exemple, c’est qu’on va nécessairement mourir demain…mais ça peut aussi arriver, on n’en sait rien. Alors mieux vaut s’y mettre maintenant, que de se retrouver en situation où cela n’est plus possible.

Quand j’ai débuté à fabriquer cette boite de dernières volontés, je me suis prise au jeu et j’ai finalement trouvé cela très libérateur et je dirais même agréable à faire. Je me suis demandé ce que j’allais y mettre…c’est très personnel à chacun. J’y ai mis des lettres, une pour mon mari et deux pour mes fils, une liste de tous les gens à aviser, mon éloge funèbre (Je me suis dit que j’étais la mieux placé pour dire comment j’avais vécu ma vie et ce que j’en avais retiré…), des choix de musique, des rituels à faire (Genre envoyer des ballons dans le ciel…), des papiers importants comme les assurances, le testament, mon acte de naissance etc….

Même si ça faisait 10 ans que je l’avais fait, je me disais que même si ces informations n’étaient pas à jour, ça me soulageait tout de même de savoir qu’il y aurait quelque chose qui resterait advenant mon décès et que mes proches y trouveraient plein d’informations pertinentes sur mes volontés pour ce moment.

Récemment, j’ai eu à quitter pour un voyage outre-mer. J’ai senti l’urgence une 2e fois de mettre à jour ces informations avant de partir. Ce que j’ai fait. J’ai bien sûr écrit de nouveau les lettres de mes fils et en ai ajouté de nouvelles pour mes parents, des amies, mes frères et soeurs etc…j’ai préparé des détails de ma cérémonie, monté un power point de photos à présenter, fourni mes directives funéraires, remis à jour ma liste de gens à prévenir etc….il s’en passe tout de même des choses en 10 ans !

Je suis partie le cœur léger, sachant que tout pouvait arriver et que ce serait ok pour moi, car mes êtres chers auraient des souvenirs à préserver et des informations qui leur permettraient de vivre plus sereinement cette étape, n’ayant pas tout à préparer sous le coup de l’émotion.

Je vous invite à réfléchir à cette suggestion…Et vous qu’y mettriez-vous ?

Rituels de Noël

La période des fêtes qui approche peut devenir un moment que l’on redoute à la suite de la perte d’un être cher….. Les rituels sont une belle façon de traverser ce passage d’une année qui se termine, pour préparer celle à venir et davantage encore en ces circonstances particulières.

Comment faire de ce temps de l’année, un moment où il n’y aura pas que la tristesse qui habitera votre cœur ?…Il n’y a malheureusement pas de recettes miracles pour empêcher les émotions de se manifester ou les souvenirs de remonter à la surface. Se donner le droit de les vivre est d’abord la première chose à faire. Il se peut que vous ne souhaitiez pas faire la fête en groupe ou en famille. Sachez que vous avez cette liberté de choisir.

Cela ne veut toutefois pas dire de rester seul à pleurer. Faites-vous plaisir dans une soirée cocooning : bon bain chaud, chandelles, film qui vous fait du bien, petite coupe de vin, repas simple mais réconfortant, pyjama confortable et bas chaud…un temps juste pour vous, où vous n’aurez pas besoin de faire semblant d’être de bonne humeur, où vous n’aurez pas de rôles à jouer.

Et pourquoi ne pas écrire une longue lettre à la personne chère qui vous a quitté…mettez sur papier tout ce que vous aimeriez lui dire ou n’avez pas eu le temps de dire, que ce soit de la colère, de la tristesse ou simplement partager ce qu’est devenue votre vie depuis son départ, les prises de consciences faites ou simplement combien cette personne vous manque. Parlez-lui comme si elle était devant vous, sans vous censurer…ne relisez pas la lettre ensuite et brûlez-la. Voyez partir dans la fumée votre tristesse, votre peine, votre colère, votre incompréhension ou simplement votre gratitude d’avoir croisé son chemin et remerciez pour ce moment que vous venez de passer ensemble.

Offrez à cette personne de poursuivre sa route dans la sérénité et demandez-lui de vous aider à faire de même. Cela ne veut pas dire que vous allez l’oublier…mais simplement que vous poursuivrez votre parcours chacun de votre côté, en gardant en votre cœur cet espace bien précieux de la relation que vous avez eue ensemble.

Voici quelques autres suggestions qui pourraient vous interpeller. N’hésitez pas non plus à créer vos propres rituels, en fonction de votre histoire personnelle….

.Allez prendre une longue marche et ayez une conversation intime avec l’être cher…revenez et préparez-vous une bonne boisson chaude. Faites ensuite quelque chose pour vous faire plaisir….

.Allumez plein de chandelles dans la maison et offrez à l’être cher des intentions pour que la suite de son parcours soit paisible. Allumez-en aussi pour vous, en vous souhaitant tout autant de sérénité……

.Bricoler un scrapbook où vous y mettrez des photos que vous aimez particulièrement et inscrivez au bas, l’histoire de ce moment ou des commentaires qui vous viennent simplement…

.Invitez quelques personnes qui l’ont bien connue. Organisez un souper et prenez ce temps pour échanger de bons souvenirs partagés avec l’être cher ou simplement de pouvoir exprimer en toute liberté et sans jugement les émotions qui vous habitent depuis son départ…..

Peu importe ce que vous choisirez de faire, ces moments devraient vous apporter un certain bien-être, du réconfort, une plus grande paix intérieure. Vous vous sentirez plus léger, un peu mieux disposé à entreprendre cette nouvelle année qui commence bientôt, avec l’impression que vous êtes plus près que jamais de cette personne aimée dont la présence physique vous manque…le cœur n’oublie jamais..

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en décembre 2016

Réflexion: gagner ou perdre sa bataille…

Cet article se veut une réflexion.

De celle que je me sens interpellée à mettre en lumière…que je souhaite profondément voir se transformer…et pour laquelle j’émets le désir d’une importante prise de conscience.

Les mots, qu’on le réalise ou non, ont un impact profond sur nos perceptions, nos réactions, sur notre état d’être aussi. Lorsque utilisés de façon automatique, sans y être vraiment attentif, ces mots en apparence banals, peuvent parfois causer des blessures dont on n’a même pas idée. C’est pourquoi il importe de s’y arrêter…

Combien de fois entendons-nous ces expressions spontanées lorsqu’il est question d’une problématique de cancer : « Il a perdu sa bataille », « Elle a gagné son combat » ou encore « Se battre contre le cancer »….Ces phrases en apparence anodines lors de tels contextes, ont par contre une grande portée psychologique pour laquelle il est nécessaire de s’interroger.

J’avoue que j’ai toujours ressentie un grand malaise en les entendant, bien que je ne fusse pas personnellement concernée. Le cancer n’est ni une bataille, ni un combat et encore moins un appel à la guerre, même si celui-ci met le corps et l’esprit à rude épreuve…c’est une expérience qui arrive tout simplement. Une expérience que personne ne mérite, que personne n’a choisi non plus…le cancer ne fait pas de discrimination.

La notion de bataille crée des résistances et exprime même inconsciemment, qu’il doit nécessairement y avoir un gagnant et un perdant. Dans notre société de productivité et de compétition, se battre montre une image de pouvoir, de volonté, d’audace, de courage et de détermination qui suscite une forme d’admiration.

Cette vision erronée dans un tel contexte, offre peu de choix à la personne qui en est atteinte. Si elle choisit par exemple de refuser le processus des traitements qu’on lui propose, elle est perçue comme lâcheuse, non combative, voire même égoïste.

Certaines personnes s’en remettront…d’autres feront des récidives, d’autres aussi en mourront…mais est-ce parce que ces dernières n’ont pas aussi souhaités de tout cœur en guérir ? Ou parce qu’elles n’ont pas fait assez d’efforts pour se « battre » ? Parce qu’elles ont manqué de courage, de volonté ou de détermination ? Ne pas « gagner » est automatiquement associé au mot « échec ».

Dans notre société, ne pas résister, se laisser-aller, même accepter de vivre une telle situation en mettant de côté les résistances n’est pas bien vu. Mourir l’est encore moins. Et ce sentiment d’échec ou d’injustice peut aussi se vivre chez les proches qui restent, et nuire au processus du deuil.

Nous oublions que l’âme est venue explorer toutes sortes d’expériences à travers son parcours terrestre; la maladie en fait partie, la mort aussi. En expérimentant ces situations, elle apprend, évolue et permet à ceux et celles qui les côtoient de faire aussi des pas dans leur cheminement.

Saviez-vous qu’il est possible de mourir guéri ? J’ai personnellement connue plusieurs personnes qui sont mortes guéries. Eh oui c’est possible. Le corps physique lâche car il n’est plus nécessaire, mais l’âme elle, a retiré de précieuses leçons qui lui dictent avoir accompli sa destinée ici-bas. Elle peut donc retourner « à la maison ».

Que les gens meurent ou non à la suite d’un processus de maladie, n’est donc pas une question de courage et de volonté, mais d’étapes de transformation individuelle de l’âme. Toutes elles ont évoluées, qu’elles restent ou qu’elles quittent.

Voici donc une invitation à transformer votre vision de ce cheminement particulier, pour permettre à chaque personne qui la vit de ne pas sentir cette pression de performance que de telles expressions obligent.

Nous évoluerons ainsi comme société à devenir plus conscients et à accepter que chaque personne et chaque âme a son propre chemin d’évolution….Accompagnons cette personne là où elle doit aller, pas là où nous souhaiterions qu’elle aille…..

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière et officiante funéraire
Article écrit en février 2017

Coeur d’enfant

Les enfants nous fascinent à peu près tous. Nous admirons leur spontanéité, leur fraîcheur et leur candeur. Ils n’hésitent pas à dire ce qu’ils pensent, à agir sur le coup de l’impulsivité. Ils sont branchés directement sur l’instant présent, ne se préoccupent pas de ce que pensent les autres et se laissent porter par leurs élans du cœur. C’est comme si le temps pour eux s’était arrêté et qu’ils vivaient dans un monde parallèle au nôtre, dans un espace où la magie et le mystère en font partie.

Je me rappelle que toute petite, vers l’âge d’environ 5-6 ans, je m’allongeais sur le trottoir et pouvait observer pendant des heures, de simples fourmis aller et venir dans leur nid. Je ne voyais pas le temps passer et était littéralement fascinée par ce qu’il m’était donné d’observer. C’était comme si j’entrais dans leur univers et que j’en faisais partie.

Suffit-il de grandir pour perdre cette connexion avec l’âme ? Je le crois de moins en moins. En fait cette petite partie de nous qui se nourrit dans l’imaginaire, la créativité et la joie de vivre est toujours quelque part tapie à l’intérieur de nous, dans un lieu secret qui cherche seulement à se protéger du regard d’autrui…car il n’est pas toujours bien vu qu’un adulte s’amuse comme le ferait un enfant.

Côtoyer des petits permet de faire des choses qu’un adulte ne fait pas souvent seul , par crainte du ridicule : faire un bonhomme de neige, regarder voler un cerf-volant, faire des bulles ou construire un château de sable sur la plage, lancer des cailloux dans l’eau…..

Je permets maintenant beaucoup plus souvent à mon enfant intérieur de s’exprimer, de vivre de ses passions, de se nourrir d’un peu de folie et c’est tellement agréable ! Je réalise en fait qu’il est davantage nécessaire de le libérer de ses carcans et de ses préjugés, alors que je suis dans le monde adulte qui permet peu cette spontanéité et ce regard plus léger sur l’existence.

Il n’y a pas d’âge pour retrouver son cœur d’enfant…il ne demande qu’à éveiller ma conscience sur les bienfaits qu’un peu de magie peut apporter dans ma vie. On a l’âge de son cœur, pas celui des années sur un calendrier…alors vivement les bulles et les jardins de fées !

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article en juillet 2016

Le bilan

Saviez-vous que lorsqu’une personne se trouve sur son chemin de fin de vie, elle traverse pratiquement toujours l’étape du bilan…. Au carrefour de notre route, et davantage encore lorsqu’il s’agit de la dernière étape de notre parcours d’être humain incarné, il importe de s’arrêter pour regarder derrière ce qui a été vécu.

Cela permet de donner du sens justement à ce qui a marqué notre existence, que ces événements nous semblent sur le moment positifs ou négatifs…car quels qu’ils soient, ils ont toujours un enseignement ou une leçon à nous transmettre et qui nous permet de mieux comprendre où cela nous a conduit et les transformations qu’ils ont occasionné.

Mais pourquoi attendre d’être arrivé à l’étape de fin de vie pour faire un bilan. À tout moment de notre existence, que ce soit lors d’un changement majeur (divorce, déménagement, changement d’emploi…..) ou simplement parce qu’une année se termine et qu’une autre est sur le point de débuter, comme c’est le cas en ce moment…regarder derrière pour en faire l’analyse permet de réajuster le tir, de faire de nouveaux choix, de se repositionner, de se remettre en question, d’être fier de soi aussi.

Nous sommes tous interpellés par l’atteinte d’une plus grande harmonie intérieure, d’un meilleur équilibre entre nos pensées et nos actions, de connecter de plus en plus avec la meilleure version de nous-même. Le bilan est un outil très précieux pour repartir sur de nouvelles bases dans l’atteinte de ces objectifs.

Étonnamment, au moment où ces gens dont le temps est compté traversent cette étape de la fin du parcours, ils ont un regard beaucoup plus objectif sur leur existence et arrivent à en regarder tous les aspects, comme s’ils se trouvaient à vol d’oiseau. Comme ils souhaitent partir le cœur léger, cela leur permet de faire des lâcher-prises, des pardons, des réconciliations, de dire ce qu’ils n’avaient pas eu le courage de dire jusqu’alors, d’espérer ainsi faire le passage avec plus de sérénité et de légèreté.

Ces objectifs peuvent aussi être atteints, même si nous nous trouvons encore dans la vie et je dirais même davantage encore parce que justement on se trouve encore dans la vie. Que cette nouvelle année vous offre l’opportunité d’aspirer au meilleur…

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en janvier 2017

Bouleversement

La vie est fragile…j’ai beau côtoyer la mort régulièrement dans mon métier, elle arrive encore à me surprendre. Il faut dire que dans mon quotidien, cette mort est attendue et que la cause est également connue : cancer, maladie dégénérative ou parfois vieillesse.

Une tante que j’aime beaucoup a tenté de s’enlever la vie il y a tout juste une semaine, en se jetant du haut d’un viaduc…ça m’a donné tout un choc…surtout qu’on s’était écrit à Pâques. J’ai été tout aussi bouleversée d’apprendre qu’elle avait survécu à cette terrible chute et qu’à sa détresse s’ajouteraient maintenant, une mâchoire, des chevilles et une colonne, fracturés à plusieurs endroits.

Dans le coma après la chute et dans l’incertitude de savoir si elle survivrait, j’ai ressenti l’urgence d’aller la voir pour l’assurer de ma présence chaleureuse et lui transmettre mon énergie d’amour…il n’y avait pas vraiment d’autre chose à faire.

J’ai subi un 2e choc en constatant qu’elle était sortie du coma et qu’elle savait désormais qu’elle avait raté sa tentative, avec tout ce que ça impliquait physiquement et psychologiquement. J’ai perçu sa détresse et son désarroi…j’ai touché au cœur de l’humain dans sa plus grande fragilité.

Elle a dit à son frère qu’elle ne souhaitait pas vivre. Le chemin sera long et difficile et j’ai une pensée pour elle tous les jours…. Pourrais-je vous demander d’en avoir une aussi ? On ne pourra jamais donner trop d’amour et je sais qu’elle en aura bien besoin.

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en mai 2017

L’amour est partout !

Ma perspective sur les petites choses de la vie a bien changé depuis que je côtoie la mort. Je crois profondément que l’amour est en plein cœur de nos vies, que c’est ce qui lui donne une direction, une raison d’être et que c’est aussi ce qui donne un sens à la mort quand tout le reste devient futile.

Mais où donc voit-on cela dans un tel contexte?

.Je le vois dans le regard plein de tendresse du conjoint ou des proches au chevet du malade
…dans un sourire complice partagé le temps d’un moment d’éveil
…dans une main qui tente de réconforter celle qui s’est fragilisée
…dans les souvenirs que les familles se partagent et qui soudent davantage encore leurs liens d’affection
…dans le soutien de l’entourage
…dans une couverture posée doucement sur le malade et qui l’enveloppe tendrement
…dans une larme qui coule doucement sur la joue et qu’on essuie avec compassion
…dans un plat maison préparé pour faire plaisir même en sachant que le malade n’en prendra peut-être que deux bouchées….

Mais je vois aussi l’amour dans :

…les rayons du soleil qui entrent par la fenêtre et qui réchauffent
…la pluie qui chante une douce mélodie et qui invite à l’intériorité
…les flocons de neige qui tombent tout doucement et qui raniment notre cœur d’enfant
…le vent qui fait danser joliment les arbres
…les feuilles qui se colorent de teintes chaudes à l’automne pour le plaisir de nos yeux
…le chat qui ronronne alors qu’on le caresse et qui soutient de sa présence attentive
…le frais parfum d’un vêtement qu’on vient de laver et qui sent bon la maison
Etc….

Cette liste pourrait s’allonger encore et encore et j’aurais sûrement besoin de plusieurs tomes si je décidais de les répertorier dans un livre. Ces petites choses, on peut les observer tous les jours et pas seulement au chevet d’une personne dont la vie s’achève…le but du voyage, ce n’est pas d’arriver à destination, c’est le voyage lui-même et ce qu’on en fait…mais nous l’oublions trop souvent.

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en novembre 2016

Les valeurs qui donnent un sens à la vie

La période des fêtes est pour ma famille et pour bien d’autres, un moment important de l’année. Mois symbolique qui signifie  aussi la fin de quelque chose; une année se termine pour laisser la place à une nouvelle, et qui permet également de faire un bilan sur nos réalisations, nos défis, nos pertes et nos deuils aussi. Beaucoup de gens ont de la difficulté avec les fins…j’en sais quelque chose, j’accompagne des personnes en fin de vie.

Je suis régulièrement témoin, que laisser partir une personne que l’on aime est exigeant et confrontant pour les familles que je côtoie. Confrontant parce qu’une personne qui se prépare à quitter cette vie devient un miroir pour nous tous qui sommes mortels, mais qui tentons bien souvent de se prouver le contraire.

Que l’un de nos proches se trouvent présentement dans cette situation ou que nous ayons perdu un être cher au cours de cette année…la période des
Fêtes, qui est censée être une période de réjouissance, n’en facilitent pas alors l’expérience. Comment traverser cette étape autrement, avec plus de sérénité ? Cela peut paraître simpliste, mais en redonnant la place à nos valeurs profondes. Non, ça ne changera pas ce qui se passe ou ce qui est arrivé, mais peut déposer sur cette situation une lumière réconfortante axée sur l’essentiel.

Je vous invite donc à vous poser cette question : « Quelles sont, particulièrement durant cette période de l’année, les valeurs qui donnent un sens à votre
vie ? ». Je ne vous connais pas personnellement, mais je serais prête à parier que pour beaucoup d’entre vous, l’amour se trouvera en tête de liste. Pas nécessairement l’amour dans un couple, mais l’amour universel; celui que l’on souhaite recevoir, celui qu’il est bon de donner… teinté de solidarité, de générosité, de détachement, de compassion aussi.

Vous venez de toucher à l’essence même de ce que c’est la vie, de ce qui lui donne du prix. Laissez parler votre cœur, soyez créatifs et trouvez à travers ces valeurs qui vous sont chères, de quelles façon vous pourriez déposer dans les yeux de la personne malade ou mourante, de petites étincelles de bonheur .…. ou encore comment vous pourriez rendre hommage, dans ce même état d’esprit, à celui ou celle qui a pris son envol. Faites de ce Noël, malgré la tristesse,
un moment qui sera significatif pour vous et les vôtres…..

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en décembre 2015

Les qualités du cœur

J’ai le goût en ce mois d’avril rempli d’espoir d’un printemps prochain, de vous partager un moment très touchant vécu  avec mon père…Il vient d’être placé en soins prolongés et le choc était grand…son désir de vivre s’éteignait.

Dans la chambre à deux où il est placé, se trouvait une dame de 106 ans, qui vient de décéder partageant la même chambre que son fils lourdement handicapé, désormais seul. Ils habitaient là ensemble, depuis plusieurs années. Mon père remarque qu’il a peine à manger…..

N’écoutant que son grand cœur, mon père qui se trouve en fauteuil roulant (il a été amputé) et malgré son Parkinson qui le fait trembler, se met à le nourrir, doucement et patiemment. L’homme lui sourit et sait qu’il vient de trouver un allier. Qui sait si ce n’est pas la dame de 106 ans qui les a placés ensemble pour redonner un sens à ces deux vies…j’aime y croire.

Et tout à coup très concentré à la tâche, il entend une volée d’applaudissements et d’exclamations…il se retourne et là, au seuil de la porte se trouve les employés qui l’observent avec étonnement et ravissement. Ils n’en reviennent tout simplement pas…c’est le premier matin de mon père dans sa nouvelle habitation.

Mon père s’est mis à pleurer, le cœur rempli de joie d’avoir pu servir encore à quelque chose. En plus d’humaniser cet endroit et d’assurément susciter la réflexion chez un personnel souvent désabusé,  il vient de trouver un nouveau sens à sa vie en aidant plus démuni encore que lui-même. Son geste et la réaction suscitée m’ont émue aux larmes…

Je suis fière de lui et de la résilience qu’il démontre dans le contexte…..la vie est belle malgré ses bas qui nous bouleversent parfois…et je comprends d’où me viennent ces qualités d’empathie et de compassion qui caractérisent les bases de mon métier d’accompagnatrice auprès des personnes en fin de vie…merci papa !

Hélène Giroux
Écrit en avril 2016

Entrevue avec Hélène Giroux, Million-Être

Cette semaine je vous présente Hélène Giroux, qui après avoir été abonnée au blogue depuis un bon moment, s’est reconnue comme une Million-être et j’en suis honoré. J’ai été touché par son partage, sa mission de vie comme accompagnatrice en fin de vie.

Il me fait plaisir de vous inviter à entrer dans son univers, et peut-être aussi le vôtre puisque la mort fait aussi partie de la vie et que de vivre le sens de sa vie permet de donner aussi un sens à la mort.

Hélène Giroux 

 


À ce jour, quelle est la contribution qui vous a procuré la plus grande satisfaction et qui, selon vous, contribue à créer un monde meilleur?

J’accompagne des gens en fin de vie qui souhaitent terminer leurs jours à la maison et cette vocation donne tout un sens à mon existence. Le patient a besoin de soins, d’écoute et de chaleur humaine, mais la famille éprouvée nécessite également d’être secondée, épaulée et réconfortée dans ces moments difficiles de la perte prochaine d’un être cher. Ce rôle d’accompagnatrice est donc fort apprécié des familles que je côtoie, car leur implication émotive empêche bien souvent d’avoir un regard objectif sur la situation. Par contre, guidée à travers cette expérience, la famille peut apprendre à apprivoiser chacune des étapes conduisant vers la mort. Je sais que j’ai accompli ma mission lorsque après le décès, les proches me témoignent que je leur ai permis de transformer cette période insécurisante en expérience positive malgré la tristesse. Cela va même parfois jusqu’à modifier leur vision de la mort. De se sentir ainsi accompagnés leur permet également de traverser les étapes du deuil plus sereinement. Comme être humain, ressentir cette connection profonde à un moment aussi sacré de l’existence me comble de gratitude.

Quel événement, quelle personne ou prise de conscience vous a incité à vous engager de cette façon et qu’est-ce que ça vous a apporté?

Alors que je ne travaillais pas dans cette sphère d’activité, une tante proche a reçu un diagnostic de tumeur cérébrale et j’ai tout de suite eu le désir de l’accompagner. Cette décision venait du cœur, mais je n’avais aucune idée à ce moment à quel point je me sentirais interpellée par ce métier hors de l’ordinaire. J’ai donc réorienté ma carrière et suis allé suivre une formation de préposée pour être en mesure de pouvoir donner des soins. Après l’obtention de mon diplôme, déçue par les milieux de santé traditionnels, j’ai rapidement choisi d’œuvrer spécifiquement auprès des mourants; métier davantage en harmonie avec les valeurs qui me sont chères et qui s’attardent à l’humain plutôt que simplement à la maladie. Côtoyer les mourants me permet de demeurer dans l’instant présent, de mettre en valeur ce qui m’importe dans la vie, d’avoir des rapports plus authentiques avec les gens . C’est donc un métier extraordinaire qui me rend très heureuse !

Que souhaitez-vous que l’on dise de vous après votre passage terrestre?

Que j’ai déposé des semences d’amour partout sur mon passage et que j’ai fait une différence dans la vie des gens qui ont eu le bonheur de croiser ma route.

Avez-vous créé des œuvres littéraires, musicales, artistiques ou autres que vous aimeriez faire découvrir à nos lecteurs? (énumérez les principales seulement)

Pour aider les gens à démystifier et à apprivoiser ce sujet difficile, j’ai écris et fait publier un livre intitulé, « Le privilège d’accompagner…choisir de côtoyer la mort », aux Éditions La Plume d’Oie. Ce projet est un grand rêve que je caressais depuis longtemps et que j’ai réalisé après 2 ans de travail d’écriture. Je constate en pratiquant ce métier que beaucoup de gens se sentent interpellés par le sujet et qu’ils ont toujours de nombreuses questions à me poser. Il faut dire que même en 2012, la mort reste encore un sujet tabou que peu de gens osent aborder ouvertement et que lorsqu’il en est question, c’est plutôt dans des termes sombres. Parce que j’ai le privilège de côtoyer les mourants dans mon quotidien, je suis à même de pouvoir échanger sur la question en faisant davantage ressortir les aspects positifs….car oui, il y en a ! Ce livre offre la possibilité aux gens d’ouvrir une porte dans une direction inexplorée pour pouvoir ensuite percevoir les choses avec un regard neuf. Bien que cet ouvrage parle de la mort, c’est bien plus d’un hymne à la vie dont il est question.

Y-a-t-il un message particulier que vous aimeriez transmettre de plus?

J’ai conscience que pour beaucoup de gens, la mort est un sujet difficile à aborder…mais j’aimerais leur dire que la mort peut s’apprivoiser. Au même titre que la naissance, elle fait partie des étapes que nous aurons à franchir sur notre parcours, qui que nous soyons. J’ai moi-même appris qu’apprivoiser la mort, c’est aussi apprendre à vivre…aussi étrangement que cela puisse paraître.
Merci Hélène de contribuer à un monde meilleur – Daniel Giguère coach (sept.2012)

Quelles sont les coordonnées pour vous rejoindre?

Nom : Hélène Giroux
Courriel :  hegir@hotmail.com
www.facebook.com/accompagnementetsoins