Réflexion: gagner ou perdre sa bataille…

Cet article se veut une réflexion.

De celle que je me sens interpellée à mettre en lumière…que je souhaite profondément voir se transformer…et pour laquelle j’émets le désir d’une importante prise de conscience.

Les mots, qu’on le réalise ou non, ont un impact profond sur nos perceptions, nos réactions, sur notre état d’être aussi. Lorsque utilisés de façon automatique, sans y être vraiment attentif, ces mots en apparence banals, peuvent parfois causer des blessures dont on n’a même pas idée. C’est pourquoi il importe de s’y arrêter…

Combien de fois entendons-nous ces expressions spontanées lorsqu’il est question d’une problématique de cancer : « Il a perdu sa bataille », « Elle a gagné son combat » ou encore « Se battre contre le cancer »….Ces phrases en apparence anodines lors de tels contextes, ont par contre une grande portée psychologique pour laquelle il est nécessaire de s’interroger.

J’avoue que j’ai toujours ressentie un grand malaise en les entendant, bien que je ne fusse pas personnellement concernée. Le cancer n’est ni une bataille, ni un combat et encore moins un appel à la guerre, même si celui-ci met le corps et l’esprit à rude épreuve…c’est une expérience qui arrive tout simplement. Une expérience que personne ne mérite, que personne n’a choisi non plus…le cancer ne fait pas de discrimination.

La notion de bataille crée des résistances et exprime même inconsciemment, qu’il doit nécessairement y avoir un gagnant et un perdant. Dans notre société de productivité et de compétition, se battre montre une image de pouvoir, de volonté, d’audace, de courage et de détermination qui suscite une forme d’admiration.

Cette vision erronée dans un tel contexte, offre peu de choix à la personne qui en est atteinte. Si elle choisit par exemple de refuser le processus des traitements qu’on lui propose, elle est perçue comme lâcheuse, non combative, voire même égoïste.

Certaines personnes s’en remettront…d’autres feront des récidives, d’autres aussi en mourront…mais est-ce parce que ces dernières n’ont pas aussi souhaités de tout cœur en guérir ? Ou parce qu’elles n’ont pas fait assez d’efforts pour se « battre » ? Parce qu’elles ont manqué de courage, de volonté ou de détermination ? Ne pas « gagner » est automatiquement associé au mot « échec ».

Dans notre société, ne pas résister, se laisser-aller, même accepter de vivre une telle situation en mettant de côté les résistances n’est pas bien vu. Mourir l’est encore moins. Et ce sentiment d’échec ou d’injustice peut aussi se vivre chez les proches qui restent, et nuire au processus du deuil.

Nous oublions que l’âme est venue explorer toutes sortes d’expériences à travers son parcours terrestre; la maladie en fait partie, la mort aussi. En expérimentant ces situations, elle apprend, évolue et permet à ceux et celles qui les côtoient de faire aussi des pas dans leur cheminement.

Saviez-vous qu’il est possible de mourir guéri ? J’ai personnellement connue plusieurs personnes qui sont mortes guéries. Eh oui c’est possible. Le corps physique lâche car il n’est plus nécessaire, mais l’âme elle, a retiré de précieuses leçons qui lui dictent avoir accompli sa destinée ici-bas. Elle peut donc retourner « à la maison ».

Que les gens meurent ou non à la suite d’un processus de maladie, n’est donc pas une question de courage et de volonté, mais d’étapes de transformation individuelle de l’âme. Toutes elles ont évoluées, qu’elles restent ou qu’elles quittent.

Voici donc une invitation à transformer votre vision de ce cheminement particulier, pour permettre à chaque personne qui la vit de ne pas sentir cette pression de performance que de telles expressions obligent.

Nous évoluerons ainsi comme société à devenir plus conscients et à accepter que chaque personne et chaque âme a son propre chemin d’évolution….Accompagnons cette personne là où elle doit aller, pas là où nous souhaiterions qu’elle aille…..

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière et officiante funéraire
Article écrit en février 2017

Une belle prise de conscience

Déjà rendus en 2016 ! On se répète cette petite phrase  à peu  près à chaque nouvelle année qui débute le calendrier. Mais c’est vrai que le temps passe vite. Je regarde mes deux fils adultes avancer dans la vie et j’ai peine à croire que je les ai un jour portés,  tellement d’eau s’est écoulée sous les ponts depuis. Les années ne filent  pas que pour eux, mais pour moi et mon entourage aussi.

Cette vie que l’on croit éternelle, du moins sur terre, s’étiole petit à petit, me faisant réaliser combien aussi elle est fragile, précieuse et combien il est nécessaire d’en faire quelque chose de significatif. Dans le brouhaha du quotidien, c’est le genre de choses que l’on oublie bien souvent de mettre en perspective parce qu’on croit avoir beaucoup de temps devant nous….

Il faut dire que mon métier d’accompagnante auprès des personnes en fin de vie me le met en lumière constamment. Ça peut sembler déprimant dit comme ça, mais je trouve au contraire que c’est un privilège de me le faire rappeler régulièrement, de me permettre de prendre conscience que c’est une réalité concrète de notre condition humaine, car c’est si facile de l’oublier et de passer à côté de l’essentiel.

À leur chevet, je suis mise face à ce miroir de ma propre finitude. Ils m’offrent alors sans le réaliser, les cadeaux de remises en question fréquentes, d’un regard différent sur ma vie,  de questionnements qui redéfinissent les valeurs avec lesquelles je désire cheminer sur le chemin de ma propre existence.

Alors étrangement, et bien qu’ils se préparent à mourir, ils m’enseignent mes plus belles leçons de vie ! Comment ne pas me sentir privilégiée …

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en janvier 2016

Le plan divin

La vie nous enseigne de nombreuses leçons à travers toutes les expériences qui traversent notre route. De toutes celles vécues jusqu’à ce jour sur mon parcours, ce sont étrangement les plus difficiles qui ont été les plus marquantes et les plus significatives !

Je pense entre autre à un incendie  qui s’est produit, alors que mes 2 fils tous jeunes étaient encore à l’école primaire. Un événement qui a eu sa suite de répercussions difficiles et exigeantes sur plus de 5 ans : chômage, aide sociale, demande de paniers de nourriture, faillite…pour ne nommer que celles-là.

Étrangement, bien que je ne souhaite à personne de devoir traverser de tels obstacles sur leur route, je suis reconnaissante aujourd’hui de ce que chacune de ces expériences a eu comme impacts positifs sur moi, de ce qu’elles m’ont enseigné, de quelle manière elles m’ont transformée.

Je réalise que malgré notre vision souvent limitative sur les choses, tout est parfaitement bien orchestré par l’univers et le choix de notre âme de vivre ces expériences sur notre route. Ça peut paraître étrange à dire, mais elles ont été très formatrices pour mon cheminement personnel.

Tout se met toujours en place pour nous amener là où on doit exactement être. Si je regarde cet événement précis dans ma vie, il m’a entre autre enseigné la résilience et le lâcher-prise. Je peux aujourd’hui  prendre conscience que ces forces d’être me sont extrêmement utiles dans mon métier d’accompagner les gens en fin de vie, car je dois tous les jours les utiliser pour vivre sereinement ces départs vers l’autre rive.

Je ne peux qu’éprouver de la gratitude pour la perfection de mon plan divin!

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en mars 2016

Les deuils de la vie

Un deuil de vie, ce n’est pas seulement le départ d’un être cher après une longue maladie, c’est aussi un enfant qui quitte la maison pour poursuivre ses études ou s’installer dans une autre contrée, un déménagement où l’on doit refaire tous ses repères et créer de nouveaux liens sociaux, une séparation qui nous déstabilise un moment, la vente de la maison familiale et des souvenirs accumulés au fil d’un parcours, un changement d’emploi qui nous demande mille et un rajustements quotidiens, le corps qui se modifie avec le temps et qui nous montre ses faiblesses…et combien d’autres choses
encore !

La vie est  une suite de tous ces petits et grands deuils dont nous préférerions bien nous passer dans notre existence. Mais chacun d’entre eux nous offre l’opportunité de nous dépasser, de grandir, d’apprendre, de développer en nous ces forces de résilience, d’adaptabilité, de retenir de précieuses leçons qui nous permettront de faire un autre bout de chemin. Et j’ai remarqué au fil de mes expériences de vie que ce sont bien souvent les moments les plus exigeants, qui nous amènent le plus souvent à cheminer…pas tout de suite j’en conviens, mais dans le temps, après que nous acceptions de regarder les choses d’une autre perspective.

Je me souviens d’une époque où la maison que j’habitais a été détruite par le feu. Mon conjoint de l’époque avait perdu son emploi depuis un moment et était déprimé, mes deux fils avaient 10 et 11 ans, je travaillais seulement quelques heures semaine…cet événement où nous avons tout perdu ne venait pas améliorer notre situation et nous avons dû dépendre de la charité de notre entourage et de la communauté, pour se réinstaller quelque part et tenter de reprendre le cours du quotidien.

J’ai toujours cru que rien n’arrivait pour rien…et bien que sur le coup je ne comprenais nullement pourquoi cela se rajoutait à nos difficultés déjà bien présentes, j’ai tout de même rapidement réalisé que cet événement où le matériel était réduit en cendres, me connectait avec l’essentiel des valeurs qui donnent du sens à la vie : l’entraide, la collaboration, la générosité, l’ouverture, l’affection, l’écoute, l’amour véritable…Je dois avouer que j’ai appris dans cette situation l’une des plus belles leçons de mon parcours…soit que lorsqu’on pense n’avoir plus rien, il reste encore l’essentiel.

Je regarde aujourd’hui mon métier d’accompagnatrice auprès des personnes en fin de vie et qui me demande continuellement de lâcher-prise sur des gens avec lesquels j’ai créé des liens…..et je me dis que la vie est tellement bien orchestrée ! Ce lâcher-prise important que j’ai dû faire au moment où j’ai tout perdu, me permet aujourd’hui de les laisser poursuivre leur chemin, libre de toute attache de part et d’autre et de pouvoir ensuite continuer ma route vers d’autres gens qui ont besoin de mes services.

La vie ne pouvait pas mieux me préparer à œuvrer dans cette direction.
Acceptons que la vie est parfaite et que tout a sa raison d’être dans notre évolution.
Cette vision aide grandement à préserver l’espoir que les leçons se présenteront au moment opportun….

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en juillet 2016

Qu’est-ce qu’un bon accompagnement ?

Cet article de juin se veut une suite, à l’histoire malheureusement bien véridique, d’une tante que j’aime beaucoup et qui s’est jeté en bas d’un viaduc, espérant mettre fin à ses jours, mais qui se retrouve plutôt presque immobile dans un lit d’hôpital et une chambre à 4.

Cette nouvelle a grandement bouleversé tout mon entourage, mais je réalise aussi que cette bien triste réalité de sa survie, provoque aussi son lot de malaises et d’inconfort : elle sait qu’elle est encore parmi nous et nous savons désormais qu’elle a voulu attenter à ses jours, qu’elle n’est pas heureuse….

Que dit-on à une personne qui a délibérément choisi de s’enlever la vie et dont la situation est pire encore que celle qui l’a amené à ce choix ?  Même si je crois que l’âme choisit ses expériences d’évolution, celle-là, j’avoue que je ne la trouve pas évidente….

Le malaise est tout aussi présent chez le personnel, qui maladroitement évite le sujet et l’invite avec insistance à manger pour prendre des forces,  alors qu’elle ne veut toujours pas vivre et que la nourriture n’a pour l’instant aucun intérêt pour elle. Il y a peu de choses à dire à une personne qui nous partage, « Comment ai-je pu rater mon coup? » ou encore à la question « Peuvent-ils me nourrir contre mon gré ? »….

J’ai tout de même choisi d’aller la visiter et de la supporter dans cette épreuve, car accompagner demeure encore, suivre le rythme de l’autre, ne pas le bousculer, lui faire la morale ou lui donner de leçons ou des conseils inappropriés.

J’avoue que cette situation me fait vivre toute sorte de questionnements, dont je n’ai pas nécessairement les réponses. Et accompagner, c’est aussi, même dans une telle situation, parfois garder silence et juste tenir la main, écouter, regarder la personne avec dignité et compassion et surtout éviter les phrases toutes faites et sans signification, qui pourraient même devenir indécente dans un tel contexte.

Accompagner ce n’est pas non plus me donner comme mission de la sauver, ni même de tenter de lui redonner goût à la vie…ça viendra si c’est ce qu’elle doit vivre. Ce choix ne m’appartient pas, car il y a aussi le respect du chemin de l’autre, au-delà de mes valeurs et de mes propres convictions sur le sens de la vie.

Accompagner, c’est permettre à l’autre de pouvoir s’exprimer ouvertement sans crainte de jugement. Être compris ne veut pas dire trouver pour l’autre des solutions, mais simplement lui offrir cette qualité de présence et d’écoute qui lui donneront à tout le moins le sentiment d’être entendu dans sa douleur.

Hélène Giroux
Accompagnatrice , auteure, conférencière
Écrit en juin 2016

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Accompagner les personnes en fin de vie

Accompagner les personnes en fin de vie suscite curiosité mais aussi peurs et questionnements chez de nombreuses personnes. C’est tout à fait normal puisque nous avons affaire à de l’inconnu et ce qu’on ne connait pas fait effraie.

J’en conviens, le choix d’œuvrer dans cette sphère d’activité est une vocation où tous ne se sentent pas appelés. Mais individuellement, à travers notre parcours à chacun et sans l’avoir choisi, nous aurons à nous trouver auprès de personnes de notre entourage dont le temps sera compté et également un jour à vivre cette expérience pour soi-même.

Voilà pourquoi il est important d’aborder le sujet, de tenter de l’apprivoiser pour le démystifier, de changer notre regard sur ce moment important que nous vivrons tous à un moment ou un autre. Et cela est possible, car il faut savoir que même dans la mort, la vie est présente jusqu’au bout.

Étrangement, au chevet des mourants, l’opportunité nous est offerte de recevoir de précieuses leçons sur le sens même de cette vie que nous prenons bien souvent pour acquise, mais également d’avoir accès à des moments de grande authenticité, car les mourants se trouvent davantage dans l’essentiel à cette période de leur existence. Accompagner un mourant c’est aussi apprivoiser la mort pour soi-même. Un voyage qui nous amène bien souvent à nous dépasser.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en sept. 2015

Croyez-vous aux miracles ?

Croyez-vous aux miracles ? Moi oui !
Il y en a tous les jours sur notre route.

Plus jeune, je me rappelle très bien que vers l’âge de 5 ans, je me couchais à plat ventre sur le sol pour observer pendant des heures, de minuscules fourmis transporter sans relâche des provisions jusqu’à leur fourmilière, fascinée par leur sens de l’organisation et leur force herculéenne malgré leur petite taille.

Je pouvais aussi passer de grands bouts de journée assise dans un champ, simplement pour tenter de trouver un trèfle à 4 feuilles…..et j’en trouvais ! J’étais tellement absorbée par ma quête que j’en oubliais le temps.

Avez-vous déjà observé de près une toile d’araignée ? Quel spectacle grandiose ! Davantage encore sous la rosée du matin…..Il n’existe pas dans la nature de pièce de dentelle plus parfaite !

Et les flocons de neige qui tombent sur vos mitaines ? Avez-vous remarqué qu’il n’y en a pas un pareil ? Ils sont tous uniques et différents.

Connaissez-vous toutes les espèces du règne animal, les nombreuses variétés de plantes qui existent, les milliards d’étoiles qui forment la voie lactée et toutes les merveilles que nous dévoilent chaque saison mois après mois ?……

Et puis un jour on grandit, on devient sérieux et on ne regarde plus la vie avec le même regard d’émerveillement que l’enfant. On est pressé, on court après je ne sais quoi, on regarde et prépare surtout l’avenir, mais on oublie de s’arrêter pour observer ce qui donne réellement du sens à l’existence, que ce soit de regarder les flocons tomber ou le soleil se coucher.

J’ai le bonheur d’être ramené à l’ordre régulièrement par les mourants que j’accompagne et j’adore ça, car autrement le tourbillon de la vie m’entraine aussi dans sa routine quotidienne et sa course effrénée contre la montre. Sans le savoir, ils m’enseignent à préserver ce regard d’authenticité et de fraîcheur sur les petites choses de la vie, à rester connectée à mon enfant intérieur.

C’est plutôt particulier n’est-ce pas que ce soit les gens qui se préparent à quitter qui m’offrent ces leçons ?….Pas tant que ça en fait, si l’on considère que les mourants sont dans l’essentiel à cette étape de leur parcours et non pas dans ce qu’ils ont accumulés au cours de leur vie.

Ils ont sur l’existence, un regard très conscient, comme s’ils avaient accès à de l’information privilégié, comme s’ils regardaient la vie avec d’autres yeux. J’ai cette chance d’en être témoin et c’est pourquoi j’ai eu le grand désir, à travers mon dernier livre, de partager avec les gens ces nombreux témoignages inspirants.

Alors que l’année se termine et qu’une autre débute, je vous invite à ralentir le pas et à reprendre contact avec toutes ces petites merveilles qui abondent sur votre route…vous constaterez que votre vie devient plus intéressante encore !

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure et conférencière
Écrit en nov. 2015 pour Versastyle

« Ce que les mourants m’ont enseigné…..L’apprentissage de la vie au seuil de la mort », publié aux Éditions Le Dauphin Blanc

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