Préparer le grand voyage

Il nous parait normal de préparer nos valises quand on part en voyage, de les mettre sur le lit des semaines ou des jours avant et d’y ajouter peu à peu ce qui nous semble nécessaire à rendre cette aventure la plus agréable possible…

Mais avez-vous déjà pensé à préparer celle du dernier voyage…oui, celui qui nous amènera à quitter la terre pour cette grande traversée vers l’au-delà ?….Ça peut paraître complètement fou, mais si vous saviez à quel point ça allège notre parcours de faire cet exercice ! Vous allez me dire, mais on aura bien le temps…comment le savez-vous ? On peut partir subitement d’une crise cardiaque, d’un AVC, d’un accident sur la route……je ne le souhaite à personne, mais pourquoi attendre de ne peut-être plus avoir le temps ou la capacité de le faire ?

Oui, je l’ai fait. Deux fois plutôt qu’une…..

La première fois, j’avoue que je n’étais pas très enchantée de m’y mettre…honnêtement ça m’a pris un an avant de me décider. C’est tellement bizarre cette idée de croire que si on fait ce genre de démarche, comme préparer son testament par exemple, c’est qu’on va nécessairement mourir demain…mais ça peut aussi arriver, on n’en sait rien. Alors mieux vaut s’y mettre maintenant, que de se retrouver en situation où cela n’est plus possible.

Quand j’ai débuté à fabriquer cette boite de dernières volontés, je me suis prise au jeu et j’ai finalement trouvé cela très libérateur et je dirais même agréable à faire. Je me suis demandé ce que j’allais y mettre…c’est très personnel à chacun. J’y ai mis des lettres, une pour mon mari et deux pour mes fils, une liste de tous les gens à aviser, mon éloge funèbre (Je me suis dit que j’étais la mieux placé pour dire comment j’avais vécu ma vie et ce que j’en avais retiré…), des choix de musique, des rituels à faire (Genre envoyer des ballons dans le ciel…), des papiers importants comme les assurances, le testament, mon acte de naissance etc….

Même si ça faisait 10 ans que je l’avais fait, je me disais que même si ces informations n’étaient pas à jour, ça me soulageait tout de même de savoir qu’il y aurait quelque chose qui resterait advenant mon décès et que mes proches y trouveraient plein d’informations pertinentes sur mes volontés pour ce moment.

Récemment, j’ai eu à quitter pour un voyage outre-mer. J’ai senti l’urgence une 2e fois de mettre à jour ces informations avant de partir. Ce que j’ai fait. J’ai bien sûr écrit de nouveau les lettres de mes fils et en ai ajouté de nouvelles pour mes parents, des amies, mes frères et soeurs etc…j’ai préparé des détails de ma cérémonie, monté un power point de photos à présenter, fourni mes directives funéraires, remis à jour ma liste de gens à prévenir etc….il s’en passe tout de même des choses en 10 ans !

Je suis partie le cœur léger, sachant que tout pouvait arriver et que ce serait ok pour moi, car mes êtres chers auraient des souvenirs à préserver et des informations qui leur permettraient de vivre plus sereinement cette étape, n’ayant pas tout à préparer sous le coup de l’émotion.

Je vous invite à réfléchir à cette suggestion…Et vous qu’y mettriez-vous ?

Des détails qui n’en sont pas

Écrit pour le magazine web, « Le portail zen ».
Mars 2017

En décembre dernier, j’ai vécu un accompagnement hors de l’ordinaire; une dame allemande, anglophone, veuve, sans enfant et dont les quelques membres de la famille habitaient à l’étranger.

Ma présence auprès d’elle était donc devenue une grande source de réconfort, non seulement pour elle personnellement, mais pour la famille trop éloignée pour assurer une présence continue, bien que sa condition se détériorait rapidement.

Le soir de son décès, je me suis retrouvée seule à son chevet. J’ai l’habitude auprès d’une personne qui vient de décéder, de faire une toilette au corps, pour redonner à cette personne un peu de dignité, avant le départ pour le salon funéraire.

Durant l’accompagnement, la famille et moi avions pris l’habitude d’échanger régulièrement sur Skype et je savais que ce soir-là n’y manquerait pas non plus. Je savais aussi que cette dame serait incinéré et que ce dernier moment d’au-revoir pourrait à lui seul transformer pour eux toute l’expérience, car difficile de vivre un décès à distance et de ne plus revoir le corps par la suite.

Ce moment de soin au corps peut sembler macabre, pour qui ne l’a jamais vécu… mais c’est en fait un moment sacré dans le parcours de cette expérience et que je trouve fort important. Un moment où on prend vraiment le temps de s’arrêter. J’ai mis de la belle musique, ai choisi des vêtements, ai préparé tout ce dont j’avais besoin pour ce rituel.

Je souhaitais offrir à la famille, une image beaucoup plus sereine, qu’uniquement celui du dernier souffle. J’avoue ce soir-là m’être moi-même dépassée… Elle était tellement belle et son visage était si serein que le personnel venait à tour de rôle dans la chambre constater par eux-mêmes le résultat, tout en lui faisant leurs adieux.

Comme le médecin ne pouvait venir que le lendemain matin authentifier le décès, j’ai passé la nuit auprès du corps avec des bougies et de la musique et ai répondu à de nombreux appels de proches qui avaient appris la nouvelle de son décès. La magie de Skype a permis que je puisse installer le portable, de sorte qu’à tour de rôle, chacun d’eux a pu la voir une dernière fois et lui faire ses adieux.

Moments bien sûr très touchants et très intimes, bien que la plupart lui parlait en allemand et donc que j n’ai pu saisir ce qu’il se disait. Je pouvais toutefois sentir dans leur voix et leur énergie toute leur tristesse et leur affection aussi.

Rituels de Noël

La période des fêtes qui approche peut devenir un moment que l’on redoute à la suite de la perte d’un être cher….. Les rituels sont une belle façon de traverser ce passage d’une année qui se termine, pour préparer celle à venir et davantage encore en ces circonstances particulières.

Comment faire de ce temps de l’année, un moment où il n’y aura pas que la tristesse qui habitera votre cœur ?…Il n’y a malheureusement pas de recettes miracles pour empêcher les émotions de se manifester ou les souvenirs de remonter à la surface. Se donner le droit de les vivre est d’abord la première chose à faire. Il se peut que vous ne souhaitiez pas faire la fête en groupe ou en famille. Sachez que vous avez cette liberté de choisir.

Cela ne veut toutefois pas dire de rester seul à pleurer. Faites-vous plaisir dans une soirée cocooning : bon bain chaud, chandelles, film qui vous fait du bien, petite coupe de vin, repas simple mais réconfortant, pyjama confortable et bas chaud…un temps juste pour vous, où vous n’aurez pas besoin de faire semblant d’être de bonne humeur, où vous n’aurez pas de rôles à jouer.

Et pourquoi ne pas écrire une longue lettre à la personne chère qui vous a quitté…mettez sur papier tout ce que vous aimeriez lui dire ou n’avez pas eu le temps de dire, que ce soit de la colère, de la tristesse ou simplement partager ce qu’est devenue votre vie depuis son départ, les prises de consciences faites ou simplement combien cette personne vous manque. Parlez-lui comme si elle était devant vous, sans vous censurer…ne relisez pas la lettre ensuite et brûlez-la. Voyez partir dans la fumée votre tristesse, votre peine, votre colère, votre incompréhension ou simplement votre gratitude d’avoir croisé son chemin et remerciez pour ce moment que vous venez de passer ensemble.

Offrez à cette personne de poursuivre sa route dans la sérénité et demandez-lui de vous aider à faire de même. Cela ne veut pas dire que vous allez l’oublier…mais simplement que vous poursuivrez votre parcours chacun de votre côté, en gardant en votre cœur cet espace bien précieux de la relation que vous avez eue ensemble.

Voici quelques autres suggestions qui pourraient vous interpeller. N’hésitez pas non plus à créer vos propres rituels, en fonction de votre histoire personnelle….

.Allez prendre une longue marche et ayez une conversation intime avec l’être cher…revenez et préparez-vous une bonne boisson chaude. Faites ensuite quelque chose pour vous faire plaisir….

.Allumez plein de chandelles dans la maison et offrez à l’être cher des intentions pour que la suite de son parcours soit paisible. Allumez-en aussi pour vous, en vous souhaitant tout autant de sérénité……

.Bricoler un scrapbook où vous y mettrez des photos que vous aimez particulièrement et inscrivez au bas, l’histoire de ce moment ou des commentaires qui vous viennent simplement…

.Invitez quelques personnes qui l’ont bien connue. Organisez un souper et prenez ce temps pour échanger de bons souvenirs partagés avec l’être cher ou simplement de pouvoir exprimer en toute liberté et sans jugement les émotions qui vous habitent depuis son départ…..

Peu importe ce que vous choisirez de faire, ces moments devraient vous apporter un certain bien-être, du réconfort, une plus grande paix intérieure. Vous vous sentirez plus léger, un peu mieux disposé à entreprendre cette nouvelle année qui commence bientôt, avec l’impression que vous êtes plus près que jamais de cette personne aimée dont la présence physique vous manque…le cœur n’oublie jamais..

Hélène Giroux
Accompagnatrice
Article écrit en décembre 2016

Des détails qui n’en sont pas

En décembre dernier, j’ai vécu un accompagnement hors de l’ordinaire; une dame allemande, anglophone, veuve, sans enfant et dont les quelques membres de la famille habitaient à l’étranger.

Ma présence auprès d’elle était donc devenue une grande source de réconfort, non seulement pour elle personnellement, mais pour la famille trop éloignée pour assurer une présence continue, bien que sa condition se détériorait rapidement.

Le soir de son décès, je me suis retrouvée seule à son chevet. J’ai l’habitude auprès d’une personne qui vient de décéder, de faire une toilette au corps, pour redonner à cette personne un peu de dignité, avant le départ pour le salon funéraire.

Durant l’accompagnement, la famille et moi avions pris l’habitude d’échanger régulièrement sur Skype et je savais que ce soir-là n’y manquerait pas non plus. Je savais aussi que cette dame serait incinéré et que ce dernier moment d’au-revoir pourrait à lui seul transformer pour eux toute l’expérience, car difficile de vivre un décès à distance et de ne plus revoir le corps par la suite.

Ce moment de soin au corps peut sembler macabre,  pour qui ne l’a jamais vécu…mais c’est en fait un moment sacré dans le parcours de cette expérience et que je trouve fort important. Un moment où on prend vraiment le temps de s’arrêter. J’ai mis de la belle musique, ai choisi des vêtements, ai préparé tout ce dont j’avais besoin pour ce rituel.

Je souhaitais offrir à la famille, une image beaucoup plus sereine, qu’uniquement celui du dernier souffle. J’avoue ce soir-là m’être moi-même surpassée…. Elle était tellement belle et son visage était si serein que le personnel venait à tour de rôle dans la chambre constater par eux-mêmes le résultat, tout en lui faisant leurs adieux.

Comme le médecin ne pouvait venir que le lendemain matin authentifier le décès, j’ai passé la nuit auprès du corps avec des bougies et de la musique et ai répondu à de nombreux appels de proches qui avaient appris la nouvelle de son décès. La magie de Skype a permis que je puisse installer le portable, de sorte qu’à tour de rôle, chacun d’eux a pu la voir une dernière fois et lui faire ses adieux.

Moments bien sûr très touchants et très intimes, bien que la plupart lui parlait en allemand et donc qu’à part le ton de la voix, je ne pouvais savoir ce qu’ils se disaient. Mais combien reconnaissants ils ont été ! D’abord de savoir que je passais la nuit auprès du corps, puis de savoir que j’avais pris ce temps pour bien préparer cet ultime rendez-vous.

Ce geste en apparence bien simple ne l’était pas du tout à leurs yeux. Préparer le corps aurait pu sembler un détail, car le salon refait habituellement le travail. Mais pour le travail du deuil de la famille, je trouve essentiel de poser ces gestes qui sont toujours appréciés et très réconfortants.

Hélène Giroux
Accompagnatrice en fin de vie
Article écrit en mars 2017

Accompagner dans la période des fêtes

La période des fêtes est habituellement un moment de réjouissances, de célébrations, de réunions de famille, de rires et de joies. Est-ce possible de traverser ce temps de l’année dans la sérénité si nous accompagnons un proche qui se prépare à mourir? De ne pas garder que de mauvais souvenirs qui feront de tous les autres Noël des moments difficiles à vivre ?

J’y crois…mais cela dépend beaucoup de notre façon de regarder la situation, de notre attitude dans les circonstances. Nous ne pouvons rien changer à ce qui arrive, mais pourquoi ne pas utiliser sa créativité pour créer des moments authentiques qui resteront gravés pendant cette étape, mais aussi après le décès. Le temps des Fêtes est surtout devenu au fil des ans, une période de stress, de consommation et les valeurs profondes ont malheureusement perdues leur signification.

Vous avez cette opportunité auprès de votre proche ou d’un malade dont vous avez soin, de remettre ces valeurs à la bonne place. Une présence aimante et réconfortante est bien plus précieuse qu’un présent offert et l’occasion vous est donnée de vous retrouver auprès du malade et de lui transmettre tout l’amour que vous éprouvez à son égard, de passer du temps de qualité à son chevet.

Si c’est encore possible, demandez-lui ce qui lui ferait plaisir; un petit sapin dans sa chambre, un chocolat chaud, écouter de la musique, un biscuit fait maison, un plat qu’il aime particulièrement, un film qu’il affectionne, regarder la neige tomber par la fenêtre…..Et pourquoi ne pas chanter ensemble des cantiques qui lui rappelleront de beaux souvenirs…Les émotions de joie et de plaisir semblent être inappropriées  dans un tel contexte, mais ces temps d’arrêts dans le cours de la maladie sont très salutaires pour chacun pour la suite des choses. Le film « Oscar et la dame Rose » nous propose à cet effet une très belle réflexion qui vous inspirera assurément à retirer du positif de chaque situation.

Hélène Giroux
Accompagnatrice, auteure, conférencière
Écrit en déc.2015